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éditorial du nº 1357

Le jeudi 29 avril 2004.

Il y a trente ans du côté du Portugal, les œillets étaient à la fête. Le 1er mai 1974 y fut peut-être un des plus beaux que l’on ait connus. Un régime fasciste et un empire colonial dans les poubelles de l’histoire, même si leurs traces restent encore douloureuses. « L’avenir radieux prend place, car le vieux monde est à la casse ! », peut-on encore pressentir sur les photos de ces manifestants, partis rejoindre le grand stade de Lisbonne. L’espoir était là et se construisait chaque jour, jusqu’à ce que l’engeance socialiste et communiste reprenne les rennes du pouvoir.

Les compagnons français de Mario Soares seront de sortie pour le 1er mai. Ils ont le vent en poupe. Une élection, ça vous requinque le politicien ! Hollande s’en va boire l’apéro avec les représentants des intermittents au Printemps de Bourges. Son parti se félicite de la décision de justice de Marseille quant aux chômeurs recalculés. C’est oublier que le PARE a vu le jour sous un gouvernement socialiste et qu’il y aurait encore beaucoup de détails à relever dans cet accord, comme nous le montre l’article de Stef@. Mais le PS a faim. Il s’en va picorer partout où c’est possible, la cohérence n’est pas son problème. Ainsi Julien Dray reçoit une délégation d’étudiants grévistes en sport. Quelques communiqués pour se scandaliser du démantèlement d’EDF-GDF en expliquant qu’on ne brade pas le service public, mais aucun rappel historique d’un Jospin lors du Conseil européen de Barcelone en mars 2002 ratifiant la libéralisation du marché européen de l’énergie. Tous unis aussi, les députés socialistes pour contrer la réforme de l’assurance maladie. Ne voudraient-ils pas, tous ces socialos, nous faire croire qu’ils sont le dernier rempart contre l’infamie capitaliste ? Ah, le miracle des élections…

Par contre, pour s’alarmer de l’expulsion de l’imam de Vénissieux, plus personne. Le vide total. Et en médiacratie, c’est inquiétant. S’il est nécessaire de dire combien ses idées sont haïssables, il est tout aussi indispensable de s’inquiéter pour notre bonne vieille liberté d’expression. Le fou de Dieu est maintenant en terre algérienne, réceptionné par les flics de Bouteflika, tandis que le tribunal de Lyon a suspendu sa décision le 23 avril. Les choses se seraient-elles déroulées trop vite ? Oui, car notre nouveau ministre de l’Intérieur, chouchou de l’Élysée, doit faire aussi bien que Sarko pour contrer ses velléités présidentielles. Il s’agissait donc pour Villepin de médiatiser cette affaire, car ce n’est pas la première expulsion d’imam, et d’en récolter les fruits. Et ce, au mépris de certains principes démocratiques, sans hésiter une fois encore de souffler sur les braises de l’islamophobie, très rentable actuellement pour tout bon démagogue.