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Marseille

Les Flics traquent et triquent

Le jeudi 20 mars 1997.

Mardi 11 mars 1997, à Marseille la manifestation anti-FN contre la tenue d’un meeting Le Pen Mégret inaugurant la campagne des législatives 1998 a été l’objet d’agressions policières inédites dans cette ville. Un cortège de huit mille personnes de tous âges démarre dans le calme et la bonne humeur, peu avant 19 heures de la Canebière en direction de la salle Vallier louée aux frontistes par le maire et ministre J.C. Gaudin.

Une demi-heure plus tard la manifestation est bloquée avenue Foch par un simple barriérage et un dispositif policier en apparence très faible dont on ne voit alors qu’une quinzaine de représentants. En fait, la manifestation est prise dans une souricière. A ce moment tout le quartier est bouclé. Comme on le voit sur les images des différentes chaînes de télévisions la tête de manifestation, hésitante mais convaincue qu’elle peut aller de l’avant, enlève facilement quelques barrières. La manifestation avance pacifiquement tandis que, immédiatement, et sans aucune sommation, les CRS font feu. Des lacrymogènes atterrissent sur les cent premiers mètres du cortège et des tirs tendus atteignent les premiers manifestants à moins de vingt mètres. S’ensuit un lancé nourri de grenades tandis qu’instantanément les manifestants tassés refluent tant bien que mal vers une issue qu’ils auront du mal à trouver. Quelques portes s’ouvrent sur des personnes âgées et des enfants ayant parfois perdus leurs parents dans la panique, d’autres trouvent refuge dans les petits commerces du quartier. Un élu PS tentant la négociation sera molesté par les CRS. Deux premiers fourgons de police raflent les isolés. L’avenue Foch, qui a ce moment donne l’impression d’être extrêmement étroite, est inondée de gaz et bientôt dans tout le quartier l’air devient irrespirable.

D’après plusieurs témoins, des policiers en civils installés dans les immeubles jettent a leur tour des grenades sur la foule. Un manifestant, dont on se demande comment il fut sélectionné, est tabassé et arrêté en plein cortège par des civils. Alors la rage et le désespoir devant l’ignominie des flics n’a plus eu de frein, et les manifestants ont pendant une heure envoyé tout ce qui leur tombait sous la main (poubelles, rares bouteilles et cartons) contre les CRS. Les policiers rétablissent alors la circulation, rajoutant ainsi à la confusion. A 22 heures, deux cents policiers en civils attendent sur le Vieux Port les derniers manifestants (env. 300 personnes) qui redescendent la Canebière en direction du local du FN de Marseille. Au moment où ceux des manifestants ayant vu les civils préviennent les autres de ne pas s’engager, les civils chargent, séparant le groupe en deux, puis se livrent toute la soirée a une véritable chasse à l’homme, agrémentée de nombreuses violences (c’est la que le reporter de l’agence Gamma s’est fait frapper) dans le quartier du vieux Marseille : le Panier.

CNT Vignoles — Aix-Marseille