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À la petite semaine

Manque de repères

Le jeudi 3 avril 1997.

En France, en Suisse, au Canada et en Californie, des dizaines d’adeptes d’un mystico-ésotérisme ravageur ont choisi de partir en groupes pour Sirius, Jupiter ou la Grande Loge blanche, dernière née des conneries cosmiques proposées au bazar de la foi. Bon vent, charlatans, pour ce « retour du Père », et attention en traversant l’univers.

Il n’est plus aujourd’hui un seul « problème de société », le plus souvent présenté comme un fléau, un drame ou une calamité, dont les causes seraient à chercher ailleurs, nous dit-on, que dans l’effondrement des idéologies et le déclin des Églises, bref dans le manque de repères.

Heureux temps, en résumé, où tous les chemins menaient à Rome, à Moscou et à Wall Street. Heureux temps où, loin des intégrismes menaçants et des dérives sectaires, le pape faisait risette au IIIe Reich ; où le drapeau rouge flottait, majestueux, sur les bagnes des lendemains radieux ; où les flics du libre » imposaient la loi du fric à coups de trique. Heureux temps des petites guerres des grandes religions, des chars en « pays frères », des lance-flammes et des bombardiers sur le Vietnam.

Heureux temps de prospérité des entreprises totalitaires et des singeries liturgiques millénaires, où, sans Porte du Ciel ni Temple solaire, sans suicides collectifs confondants de bêtise primaire, les morts pullulèrent, n’ayant que l’embarras du choix en matières de repères…

Floréal