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Le Mariage des homos

Le mercredi 5 mai 2004.

Ce que le F Haine pense du mariage des « tantouses et des goudous », on s’en tape, le vrai problème est ailleurs !

Le F Haine s’est fendu d’un communiqué de presse, pour réagir à l’idée d’un mariage gay. Celui-ci démarre sur la «  manifestation maigrelette (150 personnes) organisée dans le Marais par différentes organisations du “lobby homosexuel”, notamment Act-up », puis s’en prend à Noël Mamère, avant de rappeler les positions du parti d’extrême droite :

« Les nationaux n’entendent pas mettre en place une “police de la braguette” », selon l’expression imagée de leur chef de file.

« Le FN est opposé simplement à tout prosélytisme en matière d’homosexualité et préférerait bien sûr de très loin la mise en place d’une politique familiale et nataliste digne de ce nom […]. Nous assistons donc à une nouvelle offensive éminemment subversive visant à donner les mêmes droits, la même protection, les mêmes avantages aux homos qu’à ceux qui assurent par le biais du mariage la pérennité biologique de la nation. »

Nous y voilà, le mot est lâché : la pérennité biologique de la nation ! Faut-il entendre par là, le retour aux vieilles valeurs des « 3 K » pour les femmes (cuisine : Küchen ; église : Kirchen ; enfants : Kinder) et à l’ordre et au travail national pour les hommes ? Sans doute.

Tous les intégristes s’ennuyaient ferme depuis la médiatisation de l’histoire du foulard. Aussi, le mariage des « déviants » tombe à pic pour en remettre une couche d’intolérance réactionnaire. Mais, au fait, combien de gays, lesbiennes et trans désirent réellement se marier ? Un débat une fois de plus médiatisé à mort et vidé de toute argumentation remettant en cause des problèmes plus fondamentaux (comme par exemple le pacs mal ficelé qui néglige les aspects cruciaux de succession, de pension de réversion en cas de décès, le droit de séjour pour les pacsés étranger.e.s ou encore l’adoption d’enfants). Une fois encore, c’est parti dans tous les sens, et les gays et lesbiennes anarchistes et proches n’ont même pas eu le temps de réagir pour rappeler que « le mariage on s’en fout » et que nous avons d’autres combats à mener dans l’urgence sociale, avant de singer les comportements petits-bourgeois de certains hétéros conformistes devant le maire et pourquoi pas demain, devant monsieur le curé, en robe blanche ? ça craint de ne pas voir plus loin qu’un gâteau de mariage. Personnellement, je pense que la remise en question des droits sociaux fondamentaux (soins, CMU, AME, voire un pacs restrictif qu’il suffirait d’ouvrir sur les inégalités) est beaucoup plus d’actualité, enfin, ça n’engage que moi !

Patrick Schindler, Groupe Claaaaaash