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Empreintes génétiques

À quand le fichage de la connerie

Le mercredi 5 mai 2004.

La capacité de nuisance des religions, peu importe laquelle, est universelle, l’affirmer c’est découvrir qu’il fait jour à midi. Mais il sera de bon ton et de bon goût de ressasser, d’enfoncer le clou, de ferailler sans cesse, de marteler que les croyances sont un défi au bon sens et à la liberté de penser.

Le cas d’Abdelkader Bouziane, car Abdelkader Bouziane est un cas, est révélateur de la perversité de l’obscurantisme poussé jusqu’à la caricature. Cet imam lyonnais, aficionado de la rouste, en est arrivé à faire regretter que le droit d’asile que nous érigions en principe, c’est-à-dire non négociable, pouvait parfois recevoir quelques coups de canifs. En arriver à se féliciter en douce d’une expulsion, il fallait quand même le faire. Et il y est arrivé l’imbécile.

Pouvons-nous en effet tolérer la polygamie (ou la polyandrie éventuellement) et accepter comme principe le châtiment corporel ? La réponse est bien entendu dans la question. De telles affirmations méritent que son auteur soit extrait du corps social et mis à l’écart. En clair et pour causer comme tout le monde : qu’on le foute dehors avec un bon coup de pied au cul. L’État de droit, faut-il le regretter ou non, n’étant visiblement pas en mesure de répondre. Deux pas en avant deux pas en arrière, des arguties juridiques et des avocats finauds : voilà bien le scénario de cette pénible affaire. Mais la bonne vieille loi du Talion ferait rire aussi. Imaginons un bataillon de mâles en rut se disputant l’une de ses épouses tandis qu’une femme viendrait bastonner vigoureusement ce malheureux enturbanné sous le prétexte qu’il y a trop de sel dans la soupe. Nous n’en sommes heureusement pas là. Mais répétons-le, ce cancer du corps social doit être extirpé et vite.

Autre sujet d’inquiétude, c’est l’Affaire Charles Hoareau. Ce syndicaliste marseillais, animateur des comités de chômeurs CGT et donc ardent militant de la cause des recalculés, vient de se voir convoqué par l’administration pour un prélèvement d’empreintes biologiques. Visiblement l’État digère bien mal la victoire des chômeurs marseillais et vient s’en prendre à l’une des figures emblématiques de ce succès juridique et militant. La confusion entre justice et vengeance est patente. C’est bien de la criminalisation de l’action syndicale qu’il s’agit. L’application de la loi Perben associe les activités syndicales de Charles Hoareau à celles des pédophiles, des trafiquants de drogue, des assassins et pourquoi pas de ceux qui battent leurs nombreuses femmes au nom du Coran et de l’Islam.

Je mélange tout ? Pas si sûr… Le même État de droit condamne à la fois ce con dangereux d’Abdelkader Bouziane et les activités humanistes, humanitaires, tout ce qu’on veut, de Charles Hoareau.

Il y a bien absurdité à surcodifier notre quotidien. Il y a bien danger à tout prévoir et tout organiser pour que les bonnes gens puissent consommer, chômer et croire dans tous les dieux du ciel.

Jipé