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Suisse

La Politique des interdictions de périmètre est plus qu’une simple politique d’exclusion

Le mercredi 5 mai 2004.

Depuis l’entrée en vigueur de la loi bernoise sur la police en 1998, les flics ont la possibilité dans ce canton d’interdire quelqu’un.e d’un certain périmètre sous prétexte qu’il/elle est susceptible de troubler l’ordre public. Cette mesure est appliquée en priorité aux « marginaux », c’est-à-dire à des personnes qui n’ont commis aucun délit et à qui on ne peut rien reprocher de concret. Le principe même de pouvoir interdire « préventivement » le séjour dans l’espace public à des personnes qui n’ont commis aucun acte délictueux est plus que douteux et est en contradiction directe avec la liberté de mouvement, d’expression et d’établissement.

Des personnes en situation le plus souvent déjà difficile sont ainsi encore plus exclues. Le plus souvent, les personnes concernées sont incapables de payer les amendes infligées et finissent donc en prison, sans, comme déjà indiqué, qu’elles aient commis le moindre délit.

Mais derrière cette politique, pratiquée sous d’autres formes dans la plupart des autres villes suisses, se cache une répression discriminatoire contre des individus. Cette politique d’interdiction est un moyen grossier et brutal pour évacuer les contradictions sociales de l’espace public.

L’espace public se voit toujours plus colonisé par l’économie : Les places, les ruelles, les parcs et les gares, etc., cessent ainsi d’être des lieux de rencontre ouverts à tou.te.s et doivent dégager une rentabilité économique.

L’espace public est ainsi destiné à devenir un gigantesque supermarché où les gens viennent consommer avant de disparaître dans leur quartier d’habitation. Les toxicos, les clochards, les originaux/ales, les marginaux/ales, les désœvré.e.s et les alcoolos dérangent la rage de consommation, parce qu’ils/elles sont un rappel permanent de ce que le fait de pouvoir dépenser de l’argent ne suffit pas à lui seul à trouver le bonheur.

Plus l’espace public est ainsi colonisé et plus la concurrence entre les magasins est acharnée. Plus la concurrence est grande et plus le capitalisme est agressif.

La résistance contre cette politique d’interdiction va au-delà de la simple solidarité avec les victimes. Elle s’inscrit dans la lutte pour la défense de l’espace public et contre la présence croissante de services de sécurité privés, semi-privés et autoproclamés. Cette résistance contre la politique d’interdiction exprime également le refus d’une politique du rejet, de la peur, des boucs émissaires et des pseudo-problèmes. Une politique qui permet, grâce à la propagande la plus facile, d’engranger des succès électoraux.

Cassons le délire de la consommation ! Soyons attentif/ves à ce qui se passe ! Intervenons !

Participez à la journée nationale d’action du 8 juin pour la défense de l’espace public !

In Rébellion nº 28, feuille d’agitation de l’Organisation socialiste libertaire. Source : A-Infos