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Lire Emma Goldman

Le jeudi 13 mai 2004.

Petite chronique littéraire. Les Éditions Complexe viennent de rééditer un tome des généreuses mémoires d’Emma Goldman (pas encore toutes traduites), qu’elles ont baptisées : Emma Goldman, l’épopée d’une anarchiste, New York 1886 — Moscou 1920. Un tout petit volume, pas très cher et disponible à la librairie Publico et dans toutes les autres bonnes librairies diffusant nos idées.

Car il s’agit bien d’idées « pur jus anarchistes ». Cette petite bonne femme russe est née sous les tzars à Saint-Pétersbourg vingt ans avant son exil en Amérique. Déjà révoltée à son arrivée, elle ne peut tomber que sur ses camarades anarchistes, souvent juifs allemands, ayant également fui la misère. Pour tomber dans le piège américain.

Durant de longues années, elle lutte pour nos causes, à l’aide de sa seule voix (paraît-il déchaînée), qui convainc vite les foules de la justice à défendre les anarcho-syndicalistes massacrés en masse à Chicago en 1892. Mais également, pour défendre toutes ces voix individuelles « noires » qui luttent pour l’affranchissement de l’être humain. Tout comme celle de son compagnon, emprisonné durant nombre d’années, pour avoir perpétré un acte de légitime défense contre le grand capital, puis tant de luttes qu’on pourrait s’y perdre, tellement elles furent nombreuses et récurrentes (y compris, précurseuse, celle des femmes réclamant le libre choix de leur corps, à la fin du XIXe siècle, et j’en passe tant d’autres).

Infatigable et persécutée, elle retourne avec Sacha, son compagnon, voir de ses yeux naïfs et bluffés ce que va donner la révolution de 1917 dans son pays natal, en pleine Première Guerre mondiale. On s’en doute et nous connaissons la suite : premiers désenchantements et premiers déboires, devant les positions autoritaires et liberticides des sociaux traîtres Lénine et Trotski.

Elle assiste presque en direct au massacre des marins révoltés de Kronstadt et à l’éradication presque unanime de toute résistance anarchiste et autres socialo-révolutionnaires.

Juste pour dire que ce que je vous raconte n’a aucun intérêt : lire Emma en direct, c’est revivre toutes les trahisons et s’armer : oui, l’histoire a existé, peut se répéter, et que nous sommes loin d’imposer notre vision utopiste des choses. Mais ce bouquin est à dévorer, pour redonner la pêche militante et suivre la trace des plus archarnistes ! Je suis déjà frustré de l’avoir terminé ! Vivement la parution du tome II.

Patrick, groupe Claaaaaash