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Quand l’autruche éternue…

c’est toute la jungle qui s’enrhume
Le jeudi 20 mai 2004.

Baygon jaune

« Le budget de la Défense, c’est aussi un budget qui permet de développer la recherche ». Alliot-Marie, ministre.

Prenez, par exemple, la guerre : ce n’est après tout qu’une sorte de vaste laboratoire dans lequel s’agitent d’éminents scientifiques, naguère appelés bidasses. Sans Verdun, pas de gaz moutarde, sans le Vietnam, pas de Baygon jaune… Et c’est sans parler de l’Irak, où se déroulent en ce moment des expériences passionnantes. Vive la Recherche !

Traumatisme

« Les logements vacants à Paris appartiennent non à des nantis mais à des propriétaires modestes […] ou a des bailleurs traumatisés par des impayés de loyers. » Eric Azière, UDF.

Mais qu’attend la mairie pour mettre en place une cellule d’aide psychologique aux bailleurs lésés ! Pour le proprio, les temps sont à la dépression nerveuse : alors que les sans logis bénéficient du soutien de l’abbé Pierre et du DAL, les victimes de l’impayé n’ont que celui des juges, des préfets, des huissiers et des policiers. Franchement, y’a de quoi craquer.

Trop sensible

« Vu d’hélicoptère, ça a l’air abominable. ». Poutine, survolant Grozny.

Ne dites pas au président russe qu’il est responsable de cette horreur, il va se mettre à pleurer.

Les canneries commencent

« On ignore quand ils arrivent, mais s’ils viennent chez moi je vais m’en occuper ! ». Monsieur Chevillon, comme ça se prononce, membre actif du syndicat des hôteliers cannois.

Chevillon parle-t-il d’Almodovar ou de Tarantino ? Non, c’est bien entendu aux intermittents qu’il s’adresse. Pour les premiers la suite royale, pour les seconds le nerf de bœuf planqué sous le comptoir. Camarades, boycottons Cannes ! (ça sera pas difficile).

Les canneries continuent

« C’est pas Mai 68, quand même. » Monsieur Antonioli, commerçant cannois, et inquiet.

Meuh non, Antonio, rassure-toi. Godard a pris sa retraite et Truffaut roupille au cimetière, tu l’auras, ton joli petit festival… Après, on fait comme d’hab’ : Cannes se rendort pour un an, pendant ce temps tu fais de la retape à l’arrivée des cars de retraités belges, d’accord ? Camarade Belge retraité, boycotte Cannes, toute l’année ! (ça sera un peu plus difficile).

Que choisir ?

« Comme disait André Gide, “Choisir, c’est renoncer.” » Baroin, UMP.

Et renoncer, c’est choisir de ne plus choisir de renoncer ? Allez, mec, plus tu causes et moins on te comprend. Soit tu demandes à tes conseillers de, justement, choisir des citations moins vaporeuses (André Gide, allons donc… Qu’ils tapent dans le Michel Déon, le Jean Raspail, le d’Ormesson), soit tu renonces à l’ouvrir. Ouvrir quoi ? Mais ta gueule !… (Faut vraiment tout lui expliquer.)

Gare aux ravins

« Matignon n’est pas une antichambre pour de plus hautes fonctions. C’est plutôt une impasse. » Raffarin, sous Prozac.

Raffy nous tape une grosse déprime, faut le comprendre, aussi : dans un mois ou deux ce type saute, redevient ce qu’il n’aurait jamais dû cessé d’être, c’est-à-dire personne. Entretemps Matignon lui aura fait perdre et la face, et la présidence de « sa » région. L’homme est atteint, c’est sûr. Rude est la pente, serinait-il. Il s’aperçoit maintenant que plus rude encore est la descente, surtout quand les freins lâchent.

Frédo Ladrisse


(sources : France Info, France Inter, Libération, le Nouvel Observateur, Paris Match, Zurban)