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Sois sage, oh, ma douleur !

Le jeudi 20 mai 2004.

« Une partie importante du prolétariat est organisée aujourd’hui dans les syndicats réformistes. Ces syndicats continuent d’avoir la confiance d’une masse importante de travailleurs, et l’influence du mouvement syndical dépasse largement le cadre strict de ses adhérents. En outre, la situation n’est pas encore telle qu’il soit impossible d’impulser une dynamique révolutionnaire dans les syndicats », c’est ce qu’écrivait l’Alliance syndicaliste il y a près de 30 ans en présentation d’une brochure L’Anarcho-syndicalisme, aperçu historique et théorique.

Certes, la situation a changé depuis l’après 68. Le paysage syndical s’est recentré, voire pire encore… Des alternatives syndicales sont apparues comme SUD ou la CNT. Ce qui nous apparaissait hier comme irréalisable est aujourd’hui largement cité, commenté dans les médias. Il n’en reste pas moins que le problème de fond reste le même : où faut-il militer pour avoir de l’influence sur le monde du travail ?

En 1976, l’Alliance syndicaliste écrivait « actuellement, nous pensons qu’il faut être là où les travailleurs sont organisés ». Être, au plan syndical, dans une structure regroupant la majorité des salariés d’une entreprise ou d’une localité pour favoriser une organisation plus combative a toujours été un choix cornélien.

L’histoire du mouvement ouvrier, français et international, a toujours oscillé entre les deux positions [1]. Si l’on regarde avec objectivité les derniers événements sociaux de notre Hexagone, le poids dans la balance vient encore, que cela plaise ou non, des centrales dites représentatives. Alors, SUD ou CNT ne servent-ils que de faire-valoir aux diverses oppositions confédérales ? Nous n’en sommes pas à attendre que des pans entiers du mouvement social rentrent dans la dissidence. À chacun, à chacune son libre choix de militer syndicalement où il veut, sans exclusivité de boutique, qu’elle soit petite ou grande. Au lieu d’incantations partisanes, de la réflexion et de l’action, dans l’unité !

Thierry, groupe Pierre-Besnard de la FA


[1Souvent à son détriment, quand la CGT SR fut créée en 1926, elle n’entraîna pas l’adhésion unanime de la militance syndicaliste révolutionnaire ou anarcho-syndicaliste. Près d’un demi-millier d’adhérents au début des années trente pouvait faire titrer au Libertaire : « CGT SR égale CGT sans rien ».