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Hommage à Francisco Salvador Daniel

mélomane internationaliste fusillé pendant la Commune de Paris
Le jeudi 3 juin 2004.

Né à Paris en 1831 et fusillé par les versaillais à 41 ans, en mai 1871, pendant la semaine sanglante sur une barricade de la Commune de Paris, dont il était responsable, son nom est généralement absent des dictionnaires consacrés à la période. Francisco Salvador Daniel était directeur du Conservatoire, pendant l’insurrection parisienne et préparait un grand concert de soutien aux communards à l’Opéra, que l’entrée des versaillais dans Paris rendit impossible. Cependant, Francisco a tenté toute sa vie, d’établir des ponts entre la musique algérienne et la musique occidentale. Un hommage lui est rendu le lundi 14 juin 2004, au théâtre du Ranelagh.

En 1853, Francisco Salvador Daniel s’installe à Alger, il y apprend l’arabe et joue avec des musiciens algériens. En 1863, il publie à Paris, des adaptations de chansons arabes et kabyles, traduites et harmonisées pour piano et voix. à l’époque, Berlioz le soutient et Francisco organise des concerts classiques à un prix modique dans des salles des quartiers populaires, afin « que le peuple ait enfin accès à la grande musique ».

Un chagrin d’amour le rappelle à Paris en 1865 et, en 1868, il essaie de monter un Opéra d’Arabie, à l’opéra de Marseille, mais il doit renoncer, faute de fonds. Sa passion pour la musique du Maghreb et ses idées politiques en font un marginal. Francisco Salvador Daniel est de la génération des Courbet et des Vallès : c’est-à-dire, à l’époque, un rouge (les noirs n’existaient pas encore).

Blessé dans des manifestations contre Napoléon III, sa participation à la Commune de Paris n’a rien de fortuit. Dénoncé par ses voisins, le 24 mai 1971, les versaillais viennent le chercher chez lui, avec son ami et le fusillent au matin, pas loin de la barricade qu’il commandait, à l’angle de la rue Jacob, à Paris.

Il laisse un traité sur la musique arabe, toujours réédité, tandis que la plupart de ses œuvres musicales ont disparu : l’occultation a bien fonctionné. Pourtant, les seules œuvres de lui qui nous restent nous font entrevoir un artiste très moderne, véritable internationaliste de l’harmonie, avec un souci de faire traverser la Méditerranée à l’âme des musiques orientales. Ses idées sont en accord avec sa musique. Francisco Salvador Daniel fusillé, combien d’autres artistes lui ont fait les poches, en s’inspirant de ses recherches musicales ? Bizet, Saint-Saëns, jusqu’à Rimski-Korsakov et Moussorgski, etc. Pourtant, pendant longtemps, le nom de Francisco Salvador Daniel sera occulté et visiblement, les Algériens mélomanes ont mieux su conserver sa mémoire, c’est-à-dire, le souvenir d’un européen fou de leur musique.

L’hommage proposé au théâtre du Ranelagh confrontera les pièces harmonisées et traduites « à sa fantaisie » par Francisco Salvador Daniel, avec les mêmes pièces chantées dans leurs langues d’origine : l’arabe dialectal algérien et le berbère kabyle.

Pour la première partie, Amel Brahim Djelloul, soprano algérienne interprétera l’Album de chansons arabes mauresques et kabyles de Francisco, avec au piano Claude Lavoix. Dans la seconde partie, les musiciens de Tewfik Bestandji, sous la direction de Farid Bensarsa joueront ces mélodies dans leur version originale.

Hélène Schwartz, organisatrice
Patrick Schindler, la fiotte noire arabo-mélomane du Claaaaaash


Rendez-vous le lundi 14 juin 2004 à 20 h 30, au théâtre du Ranelagh, 5, rue des Vignes, Paris 16e. Entrée : 2 euros et réduction pour les chômeuses, chômeurs et étudiant.e.s et autres sans plus de moyens financiers : 15 euros. Réservations au 01 42 88 64 44.