FantiñaElle retourne sa vie à tous les sillons du monde,seule, pas à pas, accompagnée de fantômes indicibles,avec ses cheveux blonds ébouriffésde fines boucles serpentines,son regard bleu, triste et lourd et sa bouche petiteciselée de ses lèvres amincies par de troubles effrois.La nuit m’orgasme d’elle :Elle m’ouvre ses yeuxet ses bras et ses cuisses.Ses moiteurs de blonde cèdent à mes doigts.Sa bouche frémit aux frissons de mes lèvres à son cou.Elle égrène et gémit des mots madrilènes inachevésà mon oreille.Ses petits seins roux s’érigent sous ma langue,je m’abouche à leur peau sucrée du sang de l’érable.Puis,mes crocs de vieux chien s’arriment à la soie de son flanc.Son ventre blanc ondule et se durcit,se contracte en des spasmes brûlantssous les coups de sabot d’un fauneet une larme perle de ses cils à sa tempe.Enfin,une autre vient glisser de son œil à sa lèvreattisant de son sel le foyer de sa douceur gourmande.Alors,sa croupe s’ouvre, roule et se cambre,s’offre à la vague en elle qui vient.Son cri au mascaret l’inondetandis que j’accoste à l’amarre de ses reins.
Gérard Camoin