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Diffusion de la presse

La Lutte continue

Le jeudi 24 juin 2004.

Résumé de l’épisode précédent. Le 11 mai dernier, environ trois cents kiosquiers et libraires parisiens redécouvraient les vertus de la grève et fermaient leurs points de vente pour une journée [1].Raison principale de leur mécontentement : la dégradation continuelle de leurs conditions de travail qui s’est accélérée ces dernières années.

Les nombreuses tables rondes, réunions, concertations, négociations, etc. qui ont pu se succéder durant ce même laps de temps, n’ont pas apporté le commencement d’un début de solution pour les diffuseurs de presse. Certains pouvaient penser que l’action du 11 mai ferait prendre conscience aux éditeurs et aux NMPP [2], principal distributeur, de la détresse dans laquelle se trouve l’ensemble de ces diffuseurs, mais rien de sérieux n’a été proposé à ce jour. L’Assemblée générale qui s’était tenue spontanément ce jour-là devant l’hôtel de ville avait décidé, au cas où la situation n’évoluerait pas selon nos souhaits, plusieurs actions, dont notamment, le non-paiement d’une facture hebdomadaire, puis le décalage d’une semaine des factures suivantes, ce qui fut fait. Il avait été également envisagé de bloquer les dépôts de distribution de la presse. Cette action fut également menée à bien le jeudi 10 juin

Bien qu’un seul syndicat, SNDP-CGT [3], ait appelé à ce blocage des centres, nous nous sommes quand même mobilisés à une centaine pour investir les quatre sites des NMPP (Clichy, Bobigny, Chevilly-Larue et Mac Donald à la porte d’Aubervilliers). Ces occupations ont duré toute la nuit (de 23 h 30 à 9 heures du matin) et se sont parfaitement bien déroulées, retardant ainsi l’acheminement des quotidiens et publications qui ne purent être livrés qu’en fin de matinée.

Pour mémoire, rappelons les deux principales revendications des kiosquiers, dans l’ordre :

  1. Amélioration des conditions de travail.
  2. Augmentation de la commission sur vente (25 % au lieu des 18 % actuels).

Quelles perspectives ?

On a pu constater, en même temps que la dégradation des conditions de travail et la fermeture (définitive ?) de 60 à 80 kiosques parisiens, une évolution de la distribution de la presse . Comme de nombreuses librairies ont également disparu, la presse a commencé à sortir du réseau traditionnel pour se retrouver dans des grandes surfaces, Monoprix, bars tabac, etc. y compris dans Paris intra-muros.

Un éditeur comme le groupe Amaury a quitté les NMPP pour distribuer lui-même partout où il le peut son quotidien le Parisien, en attendant de faire de même cet été avec Aujourd’hui en France (version nationale du Parisien), et pourquoi pas bientôt avec l’Équipe, autre titre appartenant au groupe. Si d’autres quotidiens faisaient de même, que deviendrait la solidarité qui a prévalu depuis l’instauration de ce système en 1947, afin que toute la presse (notamment celle dite d’opinion) puisse être aisément accessible en même temps dans tout le pays ?

Où en sommes-nous ?

Aux dernières nouvelles, les NMPP nous ont concocté un « plan de sauvetage » (un de plus !) qui n’attendrait plus que l’aval des éditeurs. Ce plan devait être présenté aux syndicats de diffuseurs, mercredi 16 juin, mais le CSMP [4] l’a reporté de quelques jours, et nous devrions donc en savoir plus très rapidement, car les congés d’été ne suffiront certainement pas à désamorcer un mouvement qui demeure en état d’alerte. La Mairie de Paris l’a très bien compris : la commission professionnelle qui avait annulé l’attribution de kiosques au 1er juillet est revenue sur sa décision, et siégera le 23 juillet pour accorder les nouvelles gérances en septembre.

C’est pour l’instant la seule — infime — concession accordée aux kiosquiers ; autant dire qu’il n’est pas question pour nous de baisser la garde, bien au contraire !

Ramón Pino


[2NMPP : Nouvelles Messageries de la Presse parisienne.

[3SNDP : Syndicat national des Diffuseurs de presse (adhérent à la CGT).

[4CSMP : Conseil supérieur des messageries de presse.