Accueil > Archives > 2004 (nº 1342 à 1380) > 1363 (10-16 juin 2004) > [Quand l’autruche éternue…]

Quand l’autruche éternue…

c’est toute la jungle qui s’enrhume
Le jeudi 10 juin 2004.

Vide-grenier, dimanche

« Un député européen, c’est invendable. » Gérard Onesta, de Les Verts.

Même en bon état, propre, lustré, c’est un truc, les gens en veulent plus. Mais pas question non plus que cette camelote nous reste sur les bras, ça fait six ans qu’on se la trimballe. Alors dimanche, on brade.

Une seule solution, la génuflexion

« Comment peut-on être debout à New York et se coucher devant Bruxelles ? » De Villiers, auteur d’un guide des positions.

Il se trouve que l’être humain est doté d’articulations lui permettant de se lever, de s’asseoir, de se coucher… Si Monsieur le Vicomte en doute il devrait jeter un œil par la fenêtre de sa modeste demeure : il y verrait des gueux, bénévoles du Puy-du-Fou, prêts à passer l’été à genoux.

Le baron lit, et s’agace

« Cela finit par m’agacer de devoir me justifier de lire des poèmes le soir. » Seillère, le Pivot du Medef.

Qu’est-ce tu viens nous emmerder avec tes lectures nocturnes, on t’a rien demandé… C’est pas parce que t’as racheté à ton pote Lagardère la moitié de l’édition française que ça nous intéresse de savoir ce que tu lis ! Y’a plein de sales cons qui lisent, y compris de la poésie, le soir. Peut-être as-tu pensé, en te payant Editis, t’acheter à bon compte une panoplie d’humaniste ? Tu lirais Brecht dans le texte que tu resterais pour nous promis à la lanterne.

Au bistrot des ministres

« François Fillon, c’est un de ceux que je préfère. En conseil des ministres, j’étais à côté de lui. On parlait voitures de course. » Luc Ferry, philosophe chez Ferrari.

Pendant que de Villepin comparaît sa collection de timbres avec celle d’Alliot-Marie, Sarkozy mettait aux enchères sa vignette Panini de Platini à Nancy (1974). De Robien commentait pour son ami Bédier les derniers résultats de la coupe d’Afrique de polo, quant à Roselyne Bachelot elle avait amené du tricot. Bonne ambiance, au conseil. Surtout depuis que Chirac est sourd.

Villiérisme irréel

« L’élargissement est une chance historique puisqu’il nous a permis d’arracher au socialisme réel les peuples de l’Europe pénitentiaire. » De Villiers, autre lecteur de poèmes, le soir.

Un bénévole du Puy-du-Fou trouvera-t-il cinq minutes pour informer Monsieur que le mur de Berlin est tombé en 89, que les peuples dont il parle n’ont pas attendu l’élargissement de l’Europe pour se défaire de la tutelle soviétique ? S’il pouvait aussi lui glisser à l’oreille qu’il n’y a plus que lui pour user du terme de « socialisme réel », il rendrait un fieffé service à son seigneur et maître. En l’empêchant, peut-être, de se couvrir de ridicule.

Optic 2000

« L’impact de Jospin est intact. Mais on ne peut pas juger 2007 avec les yeux de 2004. » Cambadélis, PS.

L’électeur est aveugle et, comme disait Lao-Tseu, un aveugle qui change de lunettes est comme un cul-de-jatte qui change de chaussettes.

La De Villiérie de la semaine

« Les gens qui voteront pour nos listes enverront un message fort : faites les réformes vraies ; ne vous laissez pas intimider par la privilégiature syndicale. » De Villiers, néologiste.

Et la votature du bas peuple signaturera enfin le retour des vraies valeurs, travaillure, familliance et patriotarisme. À la lanterne, qu’on a dit !

Frédo Ladrisse


(sources : le Figaro magazine, Libération, le Parisien)