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Le Culte de la charogne

Le jeudi 10 juin 2004.

Il nous a fallu du courage et de la bonne volonté pour venir à Saint-Denis la semaine dernière. Toute la racaille royaliste d’Europe s’était donné rendez-vous pour assister à un enterrement de près de quinze mètres.

L’affaire était d’importance, le vrai cœur du fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette mort il y a plus de 200 ans, a été transféré de la chapelle des Princes à la crypte royale des Bourbons. Pour l’occasion, tout le centre-ville fut interdit à la circulation. C’est pas tous les jours que Caroline de Monaco vient voir les pauvres. Ces tristes empilements de particules qui pètent dans la soie n’ont qu’une seule préoccupation : survivre et surveiller leur fortune. Je suis vite allé m’acheter un appareil photo jetable.

Le petit peuple a pu venir s’agglutiner devant des écrans géants mis là exprès. Peut-être qu’ils vont les laisser pour les matchs de foot. ça serait bien.

Alors, pour tous ceux qui comme moi ne supportent les têtes couronnées que dans un panier de son, on a dû raser les murs. Le temps n’est plus où l’anarchiste rode avec sa bombe sous le manteau. Il faudrait bien trouver un jour quelque chose pour qu’au bout de la ligne 13 où ils s’entassent tous les jours, les vrais producteurs de richesses viennent dans leur palais non pas seulement récupérer leur part de gâteau mais toute la boulangerie. Tiens, je vais en parler au maire de Saint-Denis. Il est communiste. Comme moi, ça tombe bien. Il a l’air d’aimer les pauvres celui-là.

Peut-être que pour les écrans géants il pourra faire quelque chose.

Jean-Pierre Gault