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Chronique des bas-fonds

Suicide d’un mafioso

Le jeudi 10 avril 1997.

Un billet d’humeur signé l’Atèle paru dans le Monde libertaire du 20 juin 1996 nous vaut les poursuites du ministère de l’Intérieur. Des policiers y étaient qualifiés de « parents douteux »… Nous allons vous livrer jusqu’au jour du procès, des informations, des faits concernant les nombreuses bavures pour lesquelles il n’est pas question d’émettre de doute…



Dans le Canard enchaîné du 5 juin 1996, André Rougeot titrait :
« Le petit flic qui avait droit à vingt millions de découvert […]. »

Le brigadier-chef Voiry dont nous avons relaté une partie de l’affaire la semaine dernière, menait un racket depuis son bureau de la préfecture…

Le journaliste explique que Michel, le fils de feu le brigadier-chef, malgré ses vingt ans (c’est dire son jeune âge), n’a pas eu froid aux yeux en répondant d’une manière cavalière à l’injonction de payer les 4,3 millions dus en décembre 1990 à la BNP par son père, lorsque ce dernier mit fin à ses jours…

Lui-même, Michel Voiry, nous confie le journaliste, « avait eu droit à un découvert de un million… » Apuré depuis… Les héritiers Voiry, après avoir rencontré les banquiers, ont reçu de la BNP un « solde de tous compte » : « ils ne doivent plus rien » écrit A. Rougeot.

On apprenait par la suite, que durant sept années (entre 1983 et 1990), Eurocen, la société Taxi Voiry, blanchissait des fausses factures et de l’argent noir. Voiry était alors titulaire de cinq comptes courants. La BNP avait autorisé un découvert de six millions, Interbank, dix millions, la Banque franco-portugaise un million et la SDBO (filiale du Crédit lyonnais) trois millions…

Voiry ne laissa l’ardoise que dans l’unique BNP.

Collecteur de fonds très particulier, Daniel Voiry est resté, cas unique dans la police, le secrétaire personnel de quatre directeurs successifs de la sécurité publique…

Il rackettait avec pugnacité sous la droite comme sous la gauche. Voiry blanchissait par ailleurs de l’argent noir provenant de fausses factures dans des affaires immobilières réelles… Ainsi avait-il reçu du promoteur Christian Pellerin, une commission de 5,93 millions… Pensez, il était intermédiaire dans la vente de la tour B.P. à la Défense…

« Le soir de la mort de Voiry, tous les pontes de la préfectures y compris le préfet, viendront présenter leurs condoléances à la famille. »

Voiry, adhérent à la FASP, était considéré comme « un sale type de droite, en cheville avec d’autres sales types, franc-maçon dans une loge de droite […] » écrivait Rougeot.

C’est pourtant un avocat de gauche qui offrira son concours à l’épouse (elle-même membre du RPR) et au fils, Michel… en présence de deux socialistes éminents : un préfet et un syndicaliste policier.

Du reste, au début novembre 1992, un conseiller de Claude Quillès, ministre socialiste de l’intérieur à l’époque, ordonnait aux limiers de suspendre les investigations en direction de la famille du « ripou aux 40 millions de fausses factures… »

La droite revenue au pouvoir jettera elle-même quelques pelletées supplémentaires sur un dossier par trop encombrant. Le juge Halphen, enquêtant sur les HLM de Paris tombera sur le répertoire du brigadier-chef Voiry, un répertoire au contenu à haute teneur maffieuse. Depuis lors, nous savons que la bavure policière peut prendre des proportions considérables…

Nous savons aussi que Michel, l’orphelin du policier, a bénéficié de quelques largesses bancaires…

Tous les orphelins, il est vrai, ne sont pas logés à la même enseigne, fussent-ils des orphelins de la police…

À la semaine prochaine pour de nouvelles « baventures »…

Le fouineur