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Jours ordinaires dans les maisons d’arrêt de la région parisienne

Le jeudi 17 avril 1997.

Nous sommes en février 1997, il fait très froid sur Paris et sa région. En prison, le midi, une viande froide est servie accompagné de mayonnaise.

Quelques heures après, plusieurs détenus se plaignent du ventre et ont des diarrhées.

Malgré l’avis des médecins, l’administration pénitentiaire considère que cette « intoxication est bidon ».

Le premier week-end de mars 1997, la mayonnaise ne fait plus partie du menu. Mais ce sont des steaks en sauce. Que se passe-t-il entre le samedi et le dimanche : trente-quatre consultations pour des fortes fièvres et des diarrhées. En fait, la mayonnaise avait tourné et les steaks étaient avariés ! Le cuisinier civil, alerté par un détenu, lui a répondu : « Tais-toi et fait les cuire » !

L’administration pénitentiaire n’a rien à déclarer. En prison, c’est mange et crève.

Nous somme toujours en mars 1997, un détenu a le malheur d’avoir une crise due à une sciatique. Il demande au médecin de garde s’il peut lui prescrire une série de piqûres. « Impossible, lui fut-il répondu. Il n’est pas prévu ce genre de soins pour une sciatique. En plus, il faut faire des économies. »

Trois jours après, il put avoir du « Doliprane et du Décontractil ». Deux semaines plus tard, la douleur étant toujours persistante, un autre médecin diagnostiqua un lumbago aigu, et prescrivit une radio.

L’administration pénitentiaire n’a toujours rien à déclarer. En prison, c’est marche et crève.

Deux détenus, une nuit pris de panique, à l’annonce qu’un de leur codétenus à un cancer de la peau. Ils commencent à balancer les planches des étagères par la fenêtre et mettent le feu à leur matelas en mousse.

Une énorme fumée noire se dégage par la fenêtre, les trois détenus crient : « au secours, on brûle ». La fumée noire se répand dans le couloir et les cellules proches.

Les autres détenus se mettent à taper dans leur porte et appellent le surveillant de garde. Celui-ci, de son micro leur a crié : « arrêtez votre bordel, allez-y tapez ».

Au bout d’un certain temps, il s’est rendu du compte de la situation. Il est allé chercher le brigadier-chef, qui lui seul a les clefs des cellules la nuit. À l’ouverture de la porte, l’appel d’air a fait redoubler la violence des flammes. Il referma la porte.

Les matons furent incapables de faire fonctionner les extincteurs. Les pompiers sont arrivés quarante-cinq minutes plus tard… Et, la cellule fut de nouveau ouverte. Ils y découvrirent trois corps calcinés… Deux sont décédés, le troisième a été hospitalisé dans un état très grave

L’administration pénitentiaire n’a rien déclarer. En prison, c’est brûle et crève.

Émission Ras les Murs (Radio libertaire)