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Chronique des bas-fonds

Bigleux et baveux…

Le jeudi 24 avril 1997.

Un billet d’humeur signé l’Atèle paru dans le Monde libertaire du 20 juin 1996 nous vaut les poursuites du ministère de l’Intérieur. Des policiers y étaient qualifiés de « parents douteux »… Nous allons vous livrer jusqu’au jour du procès des informations, des faits concernant les nombreuses bavures pour lesquelles il n’est pas question d’émettre de doute…



Dans le Canard enchaîné du 18 octobre 1995, on pouvait lire sous la plume de Patrice Vautier un article intitulé « Les shérifs ne pardonnent pas ».

Il s’agissait de dévoiler les pratiques (courantes ?) des membres de l’ancienne P.A.F. (Police de l’air et des frontières). Ces shérifs de l’ère moderne jouissent d’un « pouvoir discrétionnaire » dans une « quiétude absolue ». Bakary et Thérèse s’en souviennent encore, eux qui en on fait les frais.

Le 16 août, Bakary est de retour du Mali, où il vient de passer des vacances familiales. À Roissy où il arrive, il se présente à la douane, confiant. Précisons qu’il devait reprendre son travail dans l’entreprise où il était depuis treize ans. Hélas ! le policier qui le contrôle (bigleux et baveux) pense (!) qu’il ne ressemble pas à la photo qui figure sur son passeport ! Un policier qui pense, me direz-vous, c’est louche. En effet, « aussi sec, et sans procéder à aucune vérification, la police de l’air et des frontières lui confisque sa carte de résident et le refoule… vers le Mali. Dans l’impossibilité de se présenter à son travail, Bakary fut licencié »… Thérèse, elle, revient du Sénégal le 30 septembre. Elle travaille depuis dix ans à Évreux, son mari depuis vingt ans. Elle a deux enfants nés en France.

Est-ce le même empaffé de la P.A.F. qui remet ça ? Ou alors, y en a pas un pour racheter l’autre… Quoiqu’il en soit « un de nos cow-boys ne reconnaît sa photo ni sur son passeport ni sur sa carte de résident ». Sa famille est là qui l’attend, les flics refusent toute confrontation et oblige ladite famille à revenir le lendemain.

Mais voilà, ils sont tenaces, les bougres : le lendemain, la famille est bien là mais la confrontation est à nouveau refusée. Même scénario et en plus, ils jettent d’un côté les cadeaux destinés aux enfants et de l’autre Thérèse dans un avion. Arrivée le samedi, elle est expulsée le dimanche. Et on ne lui a pas rendu sa carte de résident.

Thérèse est obligée de prouver que c’est bien elle sur la photo, qu’elle possède bien une carte de résident et de demander un visa d’entrée sur le territoire français ! Un comble, non ? De surcroît, il n’existe aucune trace d’aucun jugement la concernant au tribunal de Bobigny. Ça sent la bavure, n’est-ce-pas ?

Voilà des policiers de l’air et des frontières bien occupés à vérifier certains faciès. C’est sûr, s’ils s’arrêtaient de baver cinq minutes, on ne les reconnaîtrait plus, nous non plus, sur la photo. Alors, amis étrangers, faites bien gaffe à vérifier votre poil aux joues ou votre nouveau double menton, il y a des fonctionnaires de police physionomistes qui ne vous louperaient pas.

A la semaine prochaine pour de nouvelles aventures, en direct des fonctionnaires « baveurs ».

Le fouineur