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Si les députés pouvaient supprimer la misère, les inégalités, depuis le temps… ça se verrait !

Le jeudi 1er mai 1997.

Chirac avait à peine terminé son discours que les « guignols » se disputaient une future place au chaud à l’Assemblée. Rarement les hommes politiques n’ont donné une image plus caricaturale de leur inutilité. Les humoristes du Canard enchaîné, de Charlie Hebdo ou de Canal+ sont largement débordés par leurs modèles.

Rarement ces hommes et femmes n’auront paru si étrangers aux préoccupations réelles de ceux et celles qui en France se débattent avec la misère, les problèmes de logement, d’éducation, de qualité de vie, de liberté individuelle, de dignité humaine…

Rarement leurs chamailleries n’auront été si éloignées des revendications profondes révélées par les mouvements de novembre-décembre 1995, la lutte des sans-papiers, le rejet des lois Debré-Pasqua. Rarement la crédibilité de leur « programme » n’aura été si nulle aux yeux des citoyens. Notamment leur « volonté » de changer radicalement la politique économique et sociale qu’ils ont tous mise en œuvre depuis quinze ans. Par exemple : comment croire que la gauche fera reculer le chômage avec des mesures qui ont été votées en 1982 et/ou qu’elle n’a jamais mis en œuvre : les 35 heures de travail par semaine ? 700 000 emplois à créer ? Que penser d’écologistes ou de gauchistes qui signent un accord avec ceux qui ont saboté le Rainbow-Warrior, initié la guerre du Golfe, approuvé et développé la logique des lois Pasqua ? Comment croire encore à la réduction de la fracture sociale par ceux qui se sont vendus (au propre et au figuré) aux lois du libéralisme : privatisation des services publics, bradage de la sécu, licenciements massifs… Les députés n’ont cessé de réduire nos libertés, d’augmenter les profits et donc les inégalités sociales et, pour cacher leur échec, de désigner des boucs émissaires (les immigrés, les jeunes, les fonctionnaires, les femmes au travail).

Il faut agir au lieu d’élire

Il parait que ces élections constituent un choix de société. Si c’est le cas, il faut s’atteler aux causes réelles des problèmes. Il faut sans tarder démanteler les structures même de l’exploitation : le capitalisme et l’État. Si nous devons inverser les logiques qui nous ont conduit à cette situation catastrophique, c’est le système lui-même qu’il faut changer. Dans cette perspective, ces élections ne servent à rien car le capitalisme n’est pas réformable !

C’est pourquoi vous ne verrez pas les anarchistes s’agiter dans le cirque électoral pendant ces quelques semaines, mais vous nous trouverez à coup sûr aux côtés de tous ceux et celles qui luttent. Les combats à mener se trouvent ailleurs, là où nous travaillons, nous habitons, nous vivons. Nous n’avons pas besoins de prières ou d’élus, mais de luttes afin que plus personne ne décide à notre place, afin de construire dès maintenant une société développant la liberté des individus, l’égalité sociale et l’entraide entre les peuples. Certes, il y a du pain sur la planche, mais c’est le chemin le plus sûr pour nous débarrasser définitivement de ceux qui s’engraissent et vivent de la misère, de l’oppression.

Fédération anarchiste