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Télé de quat’sous

Polder

Le jeudi 8 mai 1997.

La création et la diffusion artistique grenobloise connaissent un large rayonnement. Les cinéphiles bénéficient de l’action d’une cinémathèque, à qui l’on doit aussi l’organisation d’un festival annuel de courts-métrages en plein air. Au 102, la cellule d’intervention Metamkine allie recherches musicales et cinématographiques. On peut aussi aller au Tapavu pour des concerts, des expositions d’art contemporain, des performances et des installations. Les « expérimentaux » ont également un trimestriel, revu et corrigé, consacré à la musique nouvelle (de l’électro-acoustique au rock) et au cinéma expérimental. Saluons l’existence de Polder. Usine désaffectée appartenant à une SEM, le lieu a été aménagé par MTK, CINEX et PASSAGE. Las, rien n’est parfait et ces associations, n’ayant qu’un bail précaire, risquent de devoir transporter leurs pénates ailleurs en 98.

CINEX, l’atelier du cinéma excentrique, met à disposition du « matériel et des compétences en cinéma 16 mm adaptée d’une manière conviviale à chaque projet de cinéma indépendant. »

PASSAGE, propose des ateliers et des outils de fabrication en libre accès à usage artistique : arts graphiques, plastiques, photographie, architecture etc.

Fondé en 91 par six réalisateurs, dont deux appartiennent à la Metamkine, MTK est un laboratoire cinématographique Pour nos réalisateurs expérimentaux, l’étape du laboratoire est aussi importante que l’écriture du scénario. L’intervention sur l’image-choix du temps d’exposition, contrôle de la qualité, est une part importante de leur travail, qui ne s’accommode pas des prestations « normalisées » des grands laboratoires. Développer et tirer son film soi-même permet d’intervenir sur la matière, de faire confiance aux accidents, au hasard, voire de les rechercher et de les contrôler. Ainsi, nous confie un membre de MTK, ont-ils détourné un chapitre d’un livre édité par Agfa, qui recensait tous les accidents, expliquant ce qu’il ne fallait pas faire. Eux l’ont fait systématiquement, afin d’explorer les possibilités ainsi ouvertes. Une démarche bien compréhensible pour des réalisateurs qui utilisent l’improvisation en synergie avec les musiciens électro-acoustiques : passés sur plusieurs projecteurs simultanément, les films peuvent être coupés, arrêtés, modifiés par des gélatines, en fonction du déroulement de l’improvisation. Les habitants de Bourges pourront voir un exemple de ce travail le 25 mai dans le cadre du festival : de 12 heures à minuit, projections et musique dans un cube, avec la participation du sculpteur Pitsch. Depuis 1993, MTK s’est ouvert aux réalisateurs qui souhaitent utiliser l’atelier. Point n’est besoin de faire du cinéma expérimental, MTK ne pratique aucune sélection : apprenant au réalisateur à développer son film, ils lui montrent les possibilités artistiques ainsi ouvertes. Avantage non négligeable, le faible coût.

Michèle Rollin


Contacts :

  • Polder : 51, rue Pierre-Sémard, 38000 Grenoble.
  • Tapavu : 22, rue Ampère, Grenoble.
  • 102 : 102, rue d’Alembert, Grenoble.

Remerciements à Jean-Marc Manach et MTK.