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Nantes

Contre la venue de Le Pen et la xénophobie d’État

Le jeudi 22 mai 1997.

« 3 millions de chômeurs, c’est 3 millions d’immigrés en trop. » : voilà le discours diffusé par le FN, qui fait ainsi des immigrés les bouc émissaire du chômage.

C’est un raisonnement simpliste, mathématique, qui n’explique pas la hausse du chômage. Tout le monde sait que ce ne sont pas les immigrés qui licencient mais les patrons. Les entreprises préfèrent investir dans des machines ou les nouvelles techniques qui permettent la réduction du travail humain et l’augmentation de leur compétitivité et de leur profit. Tous les gains de production sont réinvestis dans de nouvelles machines et la spéculation, supprimant ainsi les emplois existant. Par exemple dans le vignoble nantais, les quelques milliers de vendangeurs saisonniers ont été remplacés par des machines… On pourrait croire que, grâce aux machines, les conditions de vie se sont améliorées ; aujourd’hui, en plus d’être exploité l’individu est précarisé (CDD, CES, stages, petits boulots) quand il n’est pas totalement exclu. Les conséquences en sont : plus de flexibilité, des salaires de misère, moins de couverture sociale…

Ce ne sont pas les immigrés qu’il faut attaquer, mais les dirigeants et les donneurs d’ordres qui se protègent en votant les lois racistes (lois Joxe, Pasqua, Debré). Criminaliser ces immigrés, c’est mieux précariser leurs conditions de vie et de travail. Or, en matière de libéralisme, les conditions de travail sont toujours alignées vers le bas. Ainsi, en croyant gagner en sécurité sociale en discriminant les étrangers, c’est l’ensemble des travailleurs, chômeurs, précaires qui sont perdants.

Dans cette campagne électorale, tous les partis font de l’emploi leur cheval de bataille, alors qu’ils savent pertinemment que le chômage va encore augmenter.

Cela ne peut que renforcer le sentiment d’echec, de rancune, d’amertume… autant de choses sur lesquelles s’appuie le FN.

L’emploi est-il la seule raison de vivre pour exister, se sentir utile, reconnu ? NON. Ce n’est pas le travail qu’il faut aménager, ce sont les richesses et le savoir-faire qu’il faut partager. Aujourd’hui la question n’est-elle pas de redefinir nos besoins et de repenser les moyens de production ? Travaillons beaucoup moins pour partager beaucoup plus.

20% de la population hexagonale détient 80% des richesses. 10% de la population hexagonale n’a que le minimum pour survivre !

Scalp de Nantes