Accueil > Archives > 1997 (nº 1065 à 1104) > 1085 (22-28 mai 1997) > [Quand Bloch déboule…]

Quand Bloch déboule…

Le jeudi 22 mai 1997.

Vendredi 9 mai, vendant le Monde Libertaire au métro Jaurès, dans le 19e à Paris, nous avons eu la désagréable surprise de voir arriver trois individus distribuant tracts, sourires, et poignées de mains. Un certain Bloch, du RPR semble-t-il, et ses deux acolytes, vinrent vers nous, et commencèrent leur charabia électoral. Ils nous demandèrent si nous avions un candidat dans la circonscription ou si nous en soutenions un. Nous répondîmes, ne sachant trop si ces individus se moquaient de nous, que nous nous abstiendrions. Il nous fut répondu que ce n’était pas bien, que ce n’était pas citoyen.

Au bord de la crise de fou rire, nous commençâmes à leur expliquer (après tout, ils sont aussi humains) pourquoi nous n’allons pas aux urnes. Nous expliquâmes qu’il était irrationnel de voter pour quelqu’un qui aurait ensuite toute licence pour agir comme bon lui semble, sans contrôle possible. Nous tentâmes de leur dire qu’il était absurde de déléguer à quelques individus le pouvoir de décider de l’avenir d’une collectivité.

Il nous fut répondu que sans délégation, c’était encore pire, que la démocratie était le pire des systèmes, mais qu’il n’y en avait pas de meilleur. Argument puissant s’il en est. Soyons sérieux !

Mandater, c’est choisir une ou plusieurs personnes pour appliquer les décisions prises par une collectivité, à un instant donné, en fonction d’informations données. Il est bien évident que si des informations nouvelles parviennent à la collectivité, si la situation évolue, le mandat va changer, ou que si une personne ne l’applique pas, on le lui retire. La démocratie nous demande de choisir des personnes en fonction de propositions venant d’elles (le programme électoral), et non pour appliquer des décisions collectives. De plus, si la collectivité n’est plus en accord avec le mandaté, elle n’a rien à dire. C’est un chèque blanc. Qu’on ne s’étonne pas que les individus à qui l’on donne ce pouvoir en abusent.

Cédric
groupe de la Villette (Paris)