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éditorial du nº 1375

Le jeudi 11 novembre 2004.

Yasser Arafat aura t’il eu le mauvais goût mourir pendant le ramadan ? Au moment où nous mettons sous presses, le coma n’est semble t’il qu’avancé et la mort cérébrale hypothétique. Peu importe, l’essentiel c’est de vendre des journaux avec des vrais morceaux de pub dedans. La semaine dernière le monde entier se tournait angoissé vers l’Amérique, cette semaine c’est vers un vieillard cacochyme au bout de sa vie de pistoléro désespéré. Pathétique. Pathétique comme cette misére du journalisme qui s’accroche ad nauseam à l’info la plus tenue et la plus insignifiante. Si la photo est bonne nous chantait si bien Barbara. Quelle fadeur et quelle bouillie pour les chats. Les pages nécros déjà sont prêtes, y’a pu qu’a faire péter les rotos et mettre sous pression la régie publicitaire pour qu’elle fasse grimper les tarifs. La mort est un sujet qui fait vivre. Nouvelles fraîches de l’actualité brûlante, a quels compromis et a quelles compromissions les pisse copies sont-ils prêts pour leurs assurer leurs fin de mois ? On peut désormais vérifier qu’une info plus une contre info ça fait deux infos, c’était non seulement faire preuve d’un solide humour, mais surtout d’une lucidité cynique et parfaitement expérimentée. Quelle place pour notre hebdo la dedans ? Quelle place pour nos voix libertaires ? Tout récemment cette place a été prise par ce pauvre ourson sans sa maman, flinguée à la surprise par un viandard et que même si ça se trouve c’est une oursonne. Pire encore l’augmentation du prix du gaz va mettre en péril les exploitations de plantes tropicales en France. Les pépiniéristes vont-ils faire appel à l’État ? Le suspense est insoutenable. Il parait aussi que la BMW de Jacques Mesrine dans laquelle il s’est assassiner vers la fin des années soixante-dix, est en train de pourrir à la fourrière depuis que les héritiers multiplient les procédures. Certes une BMW qui pourrit c’est un peu de beaufitude qui meurt. Mais le mien d’ourson était en peluche et s’appelait Martin. Il avait des yeux en verre. Et en plus j’ai pas de BMW ni de plantes tropicales. Ca va pas aider la cellule d’aide psychologique mise en place immédiatement a résoudre sur mon cas désespéré de mauvais citoyen.

Tout ça pour dire que la presse à défaut d’informer, malaxe l’opinion publique comme l’annonceur crée artificiellement nos besoins de consommation et la dépouille petit à petit de son épaisseur humaine. L’artifice se transformant en file d’attente aux caisses du super marché comme le carrosse s’éclate en potiron sur les coups de minuit les nuits sombres d’Halloween ou comme le cochon d’électeur dans un isoloir s’imagine qu’il compte vraiment. Il ne s’agit plus dès lors de découvrir qu’il fait jour à midi, et ce discours, pour libertairement orthodoxe qu’il tente d’être, essaie de souligner l’ampleur de notre tâche. La presse et le pouvoir sont muselés par le CAC 40. Par voie de conséquence la soumission et la servilité font force de loi. Pourquoi s’étonner par conséquent de l’importance prise par la médiocrité du traitement de nos informations qui ne font rien pour nous réconcilier, ni par l’eau tiède, ni par la guimauve, ni par la marchandise, ni par le spectacle.

Finalement…