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Fos-sur-Mer

Grève chez Elf-Atochem

informations recueillies par Jacky Toublet
Le jeudi 12 juin 1997.

Depuis le 22 mai dernier, l’atelier de fabrication de PVC de l’usine d’Elf-Atochem de Fos-sur-Mer est en arrêt de travail.

Les quarante-trois travailleurs postés du site, c’est-à-dire ceux qui assurent, par des rotations de trois fois huit heures, la permanence de la fabrication, se sont déclarés en grève reconductible. Cette semaine, le conflit va se durcir.

Le jeudi 22 mai, au cours d’une réunion avec le chef de service, le personnel de l’atelier de fabrication de PVC et les syndicats CGT, CNT, CFDT d’Elf-Atochem de Fos-sur-Mer ont présenté les revendications du site : trois embauches, dont celle d’un travailleur posté et de deux horaires « journaliers » ; une augmentation générale de mille francs pour tous, le refus de l’individualisation des salaires, le refus d’un salaire d’embauche minoré ; la revalorisation des coefficients pour l’ensemble des personnels de l’atelier, y compris les agents de maîtrise. La direction a rejeté en bloc le cahier revendicatif. À 17 heures, le même jour, le personnel posté se déclare en grève à la quasi-unanimité.

Un profond mécontentement se perçoit depuis quelques temps déjà chez Atochem : la direction cherche à y infléchir les relations sociales et salariales vers toujours plus de libéralisme. Les salaires se sont érodés ; l’individualisation des augmentations, avec son cortège d’arbitraire, s’est développée, certains salaires sont bloqués pour cause d’esprit revendicatif ; les nouveaux opérateurs se retrouvent avec un manque à gagner de plusieurs centaines de francs — jusqu’à 2 000 FF parfois ; enfin, le sous-effectif dure depuis plusieurs années… Et chacun sait dans l’usine que la productivité, elle, ne diminue pas. En 1996, l’atelier du PVC a établi un record de production !

Le 26, réuni en assemblée générale, le personnel posté de l’atelier décide de poursuivre le mouvement jusqu’à la satisfaction des revendications.

Le 29, la direction reçoit une délégation représentative des grévistes. Mais son objectif n’était que de justifier un refus total sur l’ensemble des revendications. L’assemblée décide de poursuivre la grève.

L’atelier du chlore, dont la production ne peut plus être utilisée, est déclaré en chômage technique. Dans l’usine, malgré quelques interventions de la CGC, les travailleurs comprennent et soutiennent le conflit.
Vers une épreuve de force

Le 3é juin, les grévistes commencent à populariser leur action ; des tracts sont distribués. Peu à peu, l’arrêt de la production de l’atelier du PVC d’Atochem touche d’autres sites, notamment Shell-Berre, où les travailleurs se sont déclarés solidaires du mouvement. Des reportages ont été effectués par des équipes de FR3. Quelques articles sont parus dans la presse régionale.

Maintenant, les grévistes se réunissent chaque jour en assemblée générale avec les syndicats CGT, CNT et CFDT. La direction a déclaré à plusieurs reprises qu’elle refusait de s’asseoir à la même table que la CNT (dont une section vient d’être créée, en particulier par des militants qui ont quitté la CFDT) parce qu’elle la considère comme non représentative. Dans l’usine, on a d’ailleurs pas manqué de remarquer, à la réception d’une souscription de 4 000 FF envoyée par la région parisienne de la CNT, que la solidarité financière, indispensable lorsqu’un conflit commence à prendre de la hauteur, provient d’abord d’une organisation syndicale considérée comme non représentative…

Lorsque nous mettons sous presse, la situation demeure bloquée, et la direction reste muette. Elle entend discuter, et non pas négocier, seulement lorsque le travail aura repris.

Malgré les pertes importantes qu’il subit, plus de deux millions de francs par jour, le groupe craint sans doute que sa politique d’individualisation et de réduction des salaires soit stoppée ou, à tout le moins, gênée. Avec le risque d’une extension des revendications aux autres sites chimiques en cas de victoire des salariés.

Les grévistes maintenant ont bloqué l’usine, fermé les portes avec des chaînes, organisé l’occupation. La direction ripostera sans doute par une demande d’évacuation.

Le soutien s’impose, par des prises de position et, surtout, la solidarité financière.

Informations recueillies par J. Toublet


Syndicat chimie CNT de Fos-sur-mer, B.P. 133, 13773 Fos-sur-Mer Cedex.

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