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Ça tangue chez Hersant

Le jeudi 12 juin 1997.

Au début du siècle, quand le camarade Keufer demandait audience au gouvernement, ça tremblait dans les arcanes. Car le secrétaire de la Fédération des syndicats du Livre, tout réformiste qu’elle était, pouvait à l’époque bloquer toute l’information dans notre cher Hexagone. La confection de tout ce qui était imprimé passait par les doigts des typographes et ceux-ci étaient plus que majoritairement organisés syndicalement.

Aujourd’hui les donnes ont bougrement changé, mais pour des raisons syndicalo-politiques que tout(e) lecteur(trice) du Monde libertaire aura compris, les choses se sont figées syndicalement dans les syndicats du Livre.

Retour en fin du XXe siècle

Alors que, suivant « l’évolution de la modernisation des moyens de production » les structures syndicales auraient dû évoluer vers une structure industrielle, tout est resté quasiment à l’âge de plomb.

Certes, nous n’en sommes plus à l’ère du syndicat des porteurs de copie (qui s’était, il y a belle lurette, uni au syndicat des correcteurs) ou celui des terrassiers, mais une fois de plus on pourra dire que le politique a freiné le syndical.

Les structures syndicales majoritaires du Livre parisien sont donc restées figées sur des métiers qui existent encore grâce au rapport de forces ou plutôt de ce qu’il en reste. Face à la modernisation de l’imprimerie, toute ces structures auraient dû opposer une riposte unitaire face à la moulinette patronale.

Figaro test

Aujourd’hui, devant l’écran, il y a des chaises musicales ! Tel est l’enjeu qui a occasionné la non-parution du Figaro la semaine dernière. Entre secrétaires techniques (anciens typographes et photograveurs) et secrétaires de rédaction (journalistes « non producteurs » de texte) qui doit être là et pour faire quoi ?

Il est tellement évident que sieur Yves de Chaisemartin (pour le groupe Hersant) préfère des gens non syndiqués et hors statut du Livre que le contraire ! La direction du groupe Hersant joue aux quatre coins avec ce qui reste de l’aristocratie ouvrière, triste fin de règne ! Chacun, des réunions informelles, essaye de sauver les siens. La solidarité ouvrière est bien morte dans le Livre parisien et on aura beau jeu de faire ses choux gras de la défense de l’emploi.

Les détails techniques, on aura pu les lire dans les éditions du Monde, confondant malicieusement « ouvriers du Livre » et « typographes ». Que les uns soient plus dans le collimateur que d’autres importe peu. Pelloutier et Keufer renvoyés aux calendes grecques ! Et les travailleurs de la communication empêtrés dans des structures inadaptées, ne pouvant entrevoir le bout du tunnel de la modernité.

Sitting Bull