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Squatts parisiens

L’État des lieux !

Le jeudi 19 septembre 1991.

Depuis longtemps sur Paris et en banlieue des maisons vides sont occupées dans un but d’habitation, dans un but politique, ou artistique.



Au début du siècle, un anarchiste du nom de Cochon organisait les mal-logés, afin qu’ils aient des logements décents et qu’ils agissent efficacement contre la police, les huissiers et les propriétaires. Plus récemment l’Usine, ce squatt autonome musical de Montreuil (Seine-Saint-Denis), les squatts des Cascades, Art Cloche et le Comité des mal-logés ont relancé cette pratique.

L’année passée, le Comité des mal-logés avec d’autres expulsés ont occupé la place de la Réunion et fait connaître à un large public les difficultés de ces derniers. À l’issue de cette lutte, le Comité des mal-logés a scissionné. Le Droit au logement (DAL) est né. Ce dernier anime depuis plusieurs semaines, en collaboration avec d’autres associations, le campement du 133 quai de la Gare (13e arrondissement), où sont réunies 80 familles.

Si aujourd’hui certains squatts ont disparu : l’Usine, Art Cloche, les Cascades et bien d’autres, l’action des mal-logés a payé. Le maire de Paris, Jacques Chirac, ne peut plus expulser aussi facilement qu’autrefois.

Les squatts anarchistes

Si les squatts sont désormais une réalité, par contre, peu nombreux sont ceux s’affirmant anarchistes. Il en existe cependant quelques uns.

Sur Ris-Orangis, se trouve le Centre autonome et d’expérimentation sociale (CAES). Créé depuis 10 ans, il s’agit là d’un centre alternatif important qui vient d’obtenir un bail ! On y fait de la musique, de la peinture, des concerts, un travail d’imprimerie et on s’adonne à l’escalade à partir d’un mur…

À deux pas de l’hôpital Saint-Louis (10e arrondissement), s’est ouvert, naguère, le squatt de la Coordination lycéenne et étudiante anarchiste (CLEA) dans le but de s’intéresser aux activités négligées par le lycée et la fac : concerts, débats (notamment sur les prisons…), activités artistiques. Squatt de néophytes, donc aidés dans leur installation par les autonomes et les artistes du squatt Potin. Mais avec le temps, des mutations se sont opérées à la faveur des événements de la place de la Réunion. Aujourd’hui, alors que ce squatt a disparu, la CLEA tire le bilan et remarque deux choses : la non participation au squatt des anarchistes organisés, et ceci malgré des appels répétés ; ainsi que la difficulté de mettre en œuvre l’autogestion au quotidien, lorsque les individus manquent d’autonomie et demeurent inactifs…

Dans la banlieue nord-est, aux abords du cimetière des Lilas, de jeunes anarchistes ont repris l’initiative en ouvrant une grande usine. C’est un squatt artistique et d’habitation, que sont venus étoffer certains artistes du squatt Potin.

Paris compte aussi son squatt d’artistes peintres russes, un squatt écologiste, de nombreux squatts de musiciens, un squatt féministe, des squatts autonomes et bien d’autres, dont le couvent des Récollets.

Anarchistes ou pas, les animateurs de squatts artistiques participent également aux festivals et fêtes de quartiers ; cela va de soi. Ainsi, on les retrouve aussi bien à la fête de la musique qu’à la fête du jardin Villemin, et en d’autres occasions où ils effectuent un travail bien entendu artistique et assurent la logistique (son, électricité…). Ils participent, par ailleurs, aux grandes manifestations : contre la guerre du Golfe, lors du 1er Mai… À leur manière, ils redonnent du souffle à la vie associative.

D’après infos de Michel Kouyaté (CLEA)


N.B. : Sur Radio-Libertaire (89,4 FM), chaque samedi de 16 h 30 à 18 h, ne ratez pas l’émission « Sans toit ni loi », qui traite des problèmes du logement et de la vie associative à l’intérieur des squatts.