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Royaume-Uni

Un Milliardaire pour mettre en place le salaire minimum…

Le jeudi 19 juin 1997.

Tony Blair et ses acolytes n’ont pas perdu de temps pour faire savoir, à tout le monde sans exception, que le nouveau Parti Travailliste était d’abord concerné à la fois par une plus grande efficacité du capitalisme et rendre le capitalisme plus acceptable à ses victimes. Les anarchistes sont convaincus que l’on ne peut tenter l’impossible. Rendre le capitalisme plus efficace signifie plus d’esclaves du salariat au chômage.

On peut se permettre de faire ces commentaires rapides lorsqu’on observe les divers magnats et gros bonnets qui se déclarent pro-Parti Travailliste ou qui sont appelés par le gouvernement de Blair pour s’occuper de la réorganisation d’un certain nombre de services économiques et sociaux essentiels. Au moment même où ils « libéraient » la Banque d’Angleterre afin de décider de ce que nos prêteurs officiels souhaiteraient pour leurs « services », était recruté le Gouverneur adjoint, précédemment patron du syndicat patronal CBI, comme conseiller du gouvernement. On peut aussi citer, parmi d’autres, le PDG de la banque Barclays, ou celui de la British Petroleum (BP), Sir David Simon, recevant un poste ministériel. Peter Jarvis, quant à lui, est décrit comme le « patron brasseur qui dirigera la commission chargée de s’occuper du salaire minimal ». Patron de la Whitbreads, il partira en retraite cet été et recevra, en plus de son salaire annuel, plus de £ 598 794 (ou plus de cinq millions de francs ), une retraite de £ 27 736 (soit plus de 250 000 F).

D’après un article paru dans le journal Guardian, du 20 mai dernier : « Il reçut, en plus, en prime 176 990 actions de la Whitbreads, pendant qu’il recevait, comme profit, d’actions déjà en cours, la somme de £ 441 374 (soit plus de quatre millions de francs). Le rapport révèle, également, que M. Jarvis, âgé de 55 ans, s’est vu offrir une prêt de £ 16 569 (soit plus de 150 000 francs) durant l’année par Whitbread. »

Le journaliste du Gardian s’est alors amusé à calculer que si M. Jarvis travaillait 40 heures par semaine, comme tout un chacun, tous ses revenus correspondraient à une somme de £521 (plus de cinq mille francs) l’heure, ce qui correspond environ à 122 fois le taux proposé par les syndicats, qui est de £4,26 (soit environ quarante francs de l’heure) comme salaire minimal.

Il est évident que M. Jarvis, comme bon nombre d’autres magnats, ont pris bonne note de la nouvelle direction du vent politique et ont soudain compris toute l’intelligence de la proposition travailliste pour un salaire minimal. Aucune allusion à une limite du salaire maximal de ces gros bonnets n’a bien sûr été faite. Le système de taxation n’empêchera pas un gros bonnet de déposer sa fortune dans un paradis fiscal.

Les anarchistes de tous les pays cherchent à déposséder les riches de leurs fortunes (pas de leur vie) ainsi que le système financier capitaliste de son emprise sur l’économie mondiale. Cela ne pourra jamais être fait par des gouvernements qui jouent avec les statistiques et les promesses.

Les anarchistes sont, soit accusés par les socialistes « concrets », les journalistes, etc. de vivre dans les nuages, soit complètement ignorés. L’anarchisme n’est pas utopique. L’anarchisme essaye sincèrement de donner un sens à ce phénomène curieux qu’est la vie, où l’on n’intervient pas au départ, mais que l’on doit ensuite contrôler jusqu’à la fin. Cela signifie, notamment, pas de vote pour les politiciens, et encore moins croire que le capitalisme est bon pour notre santé et notre bonheur.

Extrait du journal Freedom
transmis par les relations internationales de la FA