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Baromètre social

Le jeudi 11 septembre 1997.

Décidément, avec les premières pluies automnales, pleuvent les rapports sur les inégalités sociales. La semaine dernière, une étude publiée par l’INSEE (Le Monde du 29 août) confirme que l’école ne parvient pas à corriger les inégalités sociales. Pas très nouveau bien sûr mais intéressant à exploiter au moment où le discours social démocrate de l’État, grand réparateur d’inégalités, bat son plein. Les auteurs du rapport constatent tout d’abord que le diplôme a de moins en moins un rôle primordial, au fur et à mesure que l’on avance dans la carrière, l’importance relative de l’origine sociale allant croissant. Bel échec donc de la fameuse politique des Lang et Jospin sur le « tous les enfants auront le bac » pour faire croire au brave peuple que la démocratisation de l’école corrigera les inégalités ! Le rapport confirme aussi que la hiérarchie scolaire respecte la hiérarchie des origines sociales, et cela à peine moins souvent aujourd’hui qu’il y a vingt ans ! Et oui, l’école sert toujours à reproduire les classes sociales Monsieur Allègre. Et vos emplois-jeunes « aides éducateurs » n’y changeront rien. « L’égalité des chances », ce vieux mythe républico-laïcard que vous défendez haut et fort en prend donc pour son grade à travers cette étude. Comptez sur nous anarchistes pour le détruire un peu plus malgré vos saupoudrages pédagogiques de discrimination positive, qui de fait entérinent un peu plus les inégalités !

Il n’y a pas que la bourse qui monte

L’autre rapport provient lui, du CERC Association (ex CERC supprimé par Balladur). Il fait apparaître que le nombre des ménages concernés par un des dispositifs visant à garantir un revenu minimum monte de 43 % entre 1970 et 1995 (Le Monde du 1er septembre). Si l’on prend l’ensemble de la population couverte par tous les minimum sociaux, en 25 ans leur nombre a doublé pour atteindre 6 millions de pauvres fin 95. Sachons que cela n’est que le chiffre officiel. Le plus fort c’est que l’étude montre que l’effort financier consenti par la collectivité en faveur des allocataires de ces minima sociaux n’a pas augmenté. Au contraire, il est presque plus faible en 1995 qu’en 1982… Riches plus riches, pauvres plus pauvres, ce deuxième rapport confirme donc les constats du premier. Concernant les minima sociaux, leur nombre est de huit s’étalant historiquement des années 1960 à 1988 (le RMI étant le petit dernier). On peut alors voir combien tout cela n’a rien de conjoncturel mais correspond bien à une volonté politique de la part de l’État de gérer un stock de population, le laissant au niveau de la survie.

Informer, informer, il en restera toujours quelque chose

Certes, toutes ces informations sociales sur la misère qui ne cesse de croître sont utiles pour argumenter. Mais nous ne sommes pas dupes non plus. Cette profusion d’articles, de rapports, qui plus est dans la presse de la bourgeoisie « éclairée », a un but précis : nous faire intégrer chaque jour davantage cette logique économique, et donc de l’accepter par fatalisme. Nous savons depuis pas mal de temps que l’aliénation peut passer par une surinformation.

Jaime
groupe Kronstadt (Lyon)