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Le Gard nucléaire

Le jeudi 11 septembre 1997.

Le Gard rhodanien se voit confronté au grave problème du nucléaire. Particulièrement à travers l’enfouissement des déchets radioactifs dans le fameux « laboratoire » souterrain dont l’ANDRA, organisme d’État, a pris la destinée. Nous avons appris le 24 juin que la commission d’enquête avait rendu un avis favorable à son installation à Chusclan près de Bagnols-sur-Cèze. Vingt des 27 communes concernées dans le Gard et dans le Vaucluse et le Conseil général du Gard sont favorables au « laboratoire ». Seuls les Conseils régionaux Languedoc Roussillon et PACA y sont opposés, ainsi que le syndicat général des vignerons de Côtes-du-Rhône qui craignent pour l’image de marque de leurs produits. L’argument est léger mais l’enjeu est de taille !

Cet été, plus de 3000 personnes ont manifesté en Avignon contre l’implantation de cette poubelle nucléaire. Un collectif se bat depuis longtemps aussi pour alerter le public sur l’aspect négatif de ce projet.

Il faut dire que Chusclan, dans la région de Marcoule, se trouve sur une faille géologique qui se prolonge jusqu’à Nîmes et au-delà. La plaque tectonique de l’Afrique remonte et pousse le continent européen (Espagne, France, Italie surtout) Rien ne pourra arrêter la dérive des continents. Cela signifie que le sous-sol et le paysage sud européen se transforment en permanence. Ce qui anéantit totalement les calculs des savants de l’ANDRA.

Celle-ci, devant la levée de boucliers, fait semblant de marquer le pas. En fait elle fait preuve de stratégie militaire en annonçant que le Conseil d’État devait se prononcer avant la fin de l’année sur le choix définitif de l’implantation du ou des labos de recherche.

Deux autres sites ont effectivement été sélectionnés : Bure, à la limite de la Meuse et de la Haute-Marne et Chapelle-Baton dans la Vienne. Mais le Gard échapperait-il au sort désigné par l’État ? Que non ! À la lecture d’encarts parus dans le quotidien local Midi Libre, on apprenait que le Gard serait choisi pour accueillir ce labo et que celui-ci serait bien un site d’enfouissement de déchets nucléaires.

Ici ou ailleurs, la bataille est la même pour nous anarchistes. Il n’y a pas de concessions possibles. À Chusclan, Marcoule ou Plougastel, demandons l’arrêt du nucléaire et la fin des « labos ».

La science au service des militaires

La science avance à pas de géants, chaque découverte sert invariablement à des fins militaires, à la course aux profits immédiats. La cupidité des décideurs est sans limite. Le progrès dans le système capitaliste marginalise toujours davantage les peuples, faisant d’eux des exclus des décisions qui pourtant les engage pour longtemps. Et ce ne sont pas les collectifs pro-nucléaires montés par les syndicats réformistes qui se font les défenseurs du génocide de l’humanité au nom du maintien de l’emploi qui diront le contraire. Mais après tout, que restera-t-il de nous dans 100 ou 300 000 ans ? Que leur importe l’avenir de leurs propres enfants et petits enfants, des générations futures ?

Marcoule ou Pierrelatte (Drôme) ont fait la richesse pour certains, mettant des gens à l’abri du besoin pour un temps. Est-ce là une explication au phénomène de désintérêt de la population gardoise pour l’implantation du labo-poubelle à Chusclan ?

Cette passivité apparente ne cache-t-elle pas une colère à travers un refus sous-jacent que nous ne soupçonnons pas et qui risque de se transformer en situation explosive ? Donne-t-on des cachets d’iode aux populations locales sans qu’elles ne se posent des questions sur leur santé, leur avenir ?

La gauche-caviar à nouveau au pouvoir depuis les législatives n’a réglé ni ne réglera aucun des problèmes de notre société, celui du nucléaire encore moins. Nous devrons malheureusement gérer les déchets déjà existants, héritage des va-t-en guerre favorables à l’arme nucléaire comme moyen de persuasion et d’indépendance de la France.

La désinformation à outrance, le lavage de cerveau quotidien voudraient faire de l’être humain un robot sans réflexion personnelle ou collective. Face aux forces politiques, médiatiques et répressives, la tâche sera rude. Peut-être pourrons nous abolir un jour le gouvernement de l’homme par l’homme et jeter les bases d’une société véritablement attachée aux libertés les plus élémentaires de l’individu. Par une lutte de tous les instants, cette société devra être construite en permanence par chaque nouvelle génération. Il ne peut y avoir de limites à sa construction.

Elle ne passera pas (c’est une certitude) par le lobby nucléaire qui est la négation la plus totale de la vie et de la liberté telle que nous la concevons. Non au nucléaire civil et militaire !

Michel
groupe du Gard