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La Colo 97, une cuvée réussie

Le jeudi 18 septembre 1997.

La « colo libertaire » (et c’est le seul titre qu’elle porte, tout ce qu’on pourrait ajouter, c’est qu’elle est au moins rhône-alpine) en est, cette année 1997, à sa septième édition. Elle avait été initialement lancée par le Collectif libertaire « Les mauvais jours finiront » de Saint-Etienne, avec le soutien engagé du groupe Makhno de la F.A. Depuis, le collectif a disparu, le groupe Makhno est toujours là, malgré tout, et, bien entendu, le projet a connu moult vicissitudes. Il implique maintenant plusieurs militant(e)s de l’Union régionale Rhône-Alpes de la F.A. et il a beaucoup évolué.

Entre « vacances tous ensemble » et « projet pédagogique militant », « groupe parents-enfants » et « groupe au-delà des familles », « semaine pépère » et « semaine active », « organisation spontex » et « organisation très préparée », « activités au coup par coup » et « activités planifiées », il a bien fallu choisir. Non sans douleurs ou départs, parfois. Mais une chose est sûre, au-delà de ma propre opinion personnelle, c’est que plus les tâches matérielles sont préparées et assumées collectivement, plus le planning des activités est élaboré aussi précisément et collectivement que possible (avec des solutions de rechange en cas d’imprévus : mauvais temps, repas qui dure trop longtemps, etc.), moins grand est le stress, chez les grands comme chez les petits, et mieux les choses se passent.

Une vie collective

Des acquis et des principes adoptés dès le départ sont améliorés au fil des expériences : fonctionnement en A.G. tous ensemble, prise de parole de tous, écoutées et respectées, mélange des âges, participation aux tâches avec fonctionnement par équipes… Ces deux derniers points sont en particulier totalement assumés, sinon revendiqués, par les enfants qui, comme Maud, en sont à leur sixième colo !

À la question de savoir si se retrouver avec des bambins n’emmerdent pas nos ados, ceux-ci répondent vigoureusement non. C’est l’une des grandes idées qui l’emporte et qui perdurent : la solidarité d’un âge à l’autre.

On progresse…

Bien entendu, celle-ci est souvent prise en défaut et tout ne marche pas sur des roulettes. Une semaine est bien courte pour mettre en place de nouveaux fonctionnements. Le poids de l’école, des familles et de la société apparaît lourdement, et certains éprouvent d’abord le besoin de s’en débarrasser un peu, parfois au détriment de la nouvelle collectivité. Car c’est bien d’une collectivité dont il s’agit, avec l’éternelle tension entre l’individu et le groupe. Si le contrat est clairement élaboré et admis dès le départ, les choses en iront d’autant mieux, et cette tension devient dynamique.

Cela n’a pas toujours été le cas, il faut bien le dire, mais (et c’est là mon opinion) cette cuvée 97 fut probablement l’une des meilleures de toutes. Comme quoi, on avance ! Car au-delà d’une bonne semaine passée ensemble, à se connaître un peu plus, à se confronter, dans le rire mais aussi parfois dans l’amertume, il y a toujours l’idée de progresser dans nos idéaux et dans nos pratiques. Au moins, quelques enfants sauront qu’autre chose existe, qu’autre chose est possible.

Au moins arriverons-nous peut-être par ce biais à convaincre certains adultes (beaucoup de parents qui nous confient leurs enfants ne sont absolument pas dans le mouvement libertaire) que les anarchistes ne sont pas des terroristes ou des doux rêveurs, et qu’ils sont prêts à se confronter à la vie, ici et maintenant. Y a-t-il d’ailleurs un autre choix ?

L’objectif est de pouvoir assumer cette difficulté le mieux possible. Quant à savoir si la colo peut déboucher sur un projet pédagogique et social plus large, c’est une autre paire de manches… qu’il faudrait bien relever !

Philippe Pelletier
groupe Nestor Makhno (Saint-Etienne)