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éditorial du nº 1379

Le jeudi 9 décembre 2004.

Trois jours de garde à vue pour avoir héberger un môme de trois ans, nos camarades Thyde et Jean-Marc, de l’île d’Oléron, sont les victimes de la politique sécuritaire qui enrôle toutes les institutions et administrations dépendantes de l’État au service de la police et de ses basses œuvres. En effet nos amis ont été signalés à la polices suite à la diffusion d’un avis de recherche du petit Pierre à travers le réseau de l’Éducation nationale. Cette procédure, destinée au départ à la protection de l’enfance en danger, a été dans ce cas utilisée crapuleusement.

L’enfant, au moment de ces recherches, se trouvait dans sa famille espagnole à laquelle la justice l’avait confié lorsque ses parents ont été incarcérés au début du mois d’octobre. La police a donc sciemment diffusé un faux avis de recherche dans le but de découvrir les réseaux de solidarité qui ont permis au petit Pierre d’être scolarisé. Ces méthodes, malheureusement, n’ont rien d’exceptionnelles et ont déjà été utilisées pour rechercher des enfants de sans-papiers dans le but de les expulser en même temps que leurs parents. Nous pourrions aussi parler des sans-papiers expulsés suite à un contrôle de billet lors de leurs déplacements sur les réseaux SNCF ou RATP. Cette instrumentalisation de l’appareil de l’État au profit de la police n’est pas sans rappeler une période sombre de cette nation, où la collaboration avec le système répressif de Vichy a entraîné bon nombre de fonctionnaires à se rendre complices de crimes abominables.

Il est de la responsabilité de chacun de n’agir qu’en toute conscience et de refuser sa collaboration à l’État lorsque celui-ci lui enjoint de participer à l’appareil répressif.

La criminalisation croissante du militantisme syndical et associatif, le vote par le Parlement de lois liberticides telles que les lois Perben I et Perben II, la présence de militaires dans les lieux publics stratégiques (gares, aéroports…) sous prétexte de lutte antiterroriste, tout est fait, non pas pour que nous vivions dans une société plus sûre, mais surtout pour anéantir toute forme de dissidence, faire taire toute voix qui ne ferait pas l’apologie de l’économie de marché libérale.

Estimons-nous heureux, nos militaires n’emploient pas encore les mêmes méthodes pour stopper nos manifestations que celles qu’ils ont utilisées en Côte-d’Ivoire, à savoir tirer à l’arme lourde sur la foule à partir d’un hélicoptère. Sarkozy lui, le chantre du tout sécuritaire, a franchi un nouveau pas vers son accession au trône de la République. Il a fêté ça en grande pompe, n’hésitant pas à dépenser l’équivalent de plus de 800 années de RMI en une journée, puisées sur les subventions que son parti reçoit des contribuables.