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La Police de Papon massacre 200 Algériens

Le jeudi 2 octobre 1997.

En octobre 1961, Michel Debré est Premier ministre. Ayant déjà démontré ses capacités de zélé serviteur de l’État, Maurice Papon bénéficie de la plus haute confiance. La preuve, on lui a confié le poste, éminemment sensible, de Préfet de police de Paris.

À ce titre, il vient d’imposer le couvre-feu aux Algériens.

À l’appel du F.L.N., des milliers d’entre eux décident, le 17 octobre, de braver cet interdit et tentent de défiler pacifiquement, en famille, dans les rues de Paris. Pour l’État français, c’en est trop ! La police parisienne charge, tire, massacre à coup de crosse et jette des dizaines de corps à la Seine. Plus de 200 Algériens sont ainsi assassinés. Plus de 11 500 sont « rafflés » et parqués pendant plusieurs jours.

Ce massacre n’est pas une bavure. Une nouvelle fois Papon apparaît comme un odieux comparse, complice et docile. L’ordre est venu de haut : il fallait « donner une leçon » à ces algériens. Alors que la démocratie française torturait quotidiennement en Algérie, les immigrés devaient eux fermer leur gueule.

Pratiquant le négationnisme, l’État français s’est efforcé depuis de faire disparaître toute trace de ce sanglant épisode, absent de la plupart des manuels d’histoire. Mieux encore, la démocratie française cherche a intimider ceux qui font effort de mémoire. En octobre 1996, l’ensemble des exemplaires, destinés à la France, du quotidien algérien Liberté ont été saisis à l’aéroport de Lyon-Satolas. Un article relatait ce massacre sous un jour déplaisant pour l’État français. Ministre de l’Intérieur, Debré fils a assuré sur ce dossier la continuité du « sale boulot » accompli par son père.

Papon ne sera jamais inculpé pour son implication dans ce carnage. Chirac a condamné le régime de Vichy, tout en oubliant les massacres coloniaux, pour mieux dédouaner l’État sous sa forme actuel. Il voudrait nous faire oublier que notre État républicain pratique la xénophobie au quotidien.

Patrick
groupe Durruti (Lyon)