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Théâtre

Louise Michel

Le jeudi 16 octobre 1997.

Le lieu du théâtre est déjà éloquent par lui-même : dans le 18e arrondissement, au pied de Montmartre ! Puis l’atmosphère à l’intérieur, une petite salle avec un décor sobre et sombre. Et enfin l’artiste qui arrive tout de noir vêtu, on se sent chez soi ! Pendant toute la représentation ce sentiment ne nous quitte pas. L’artiste utilise un langage qui nous est familier : « Ma voie sera l’anarchie », « Révolution sociale », « Justice sociale », Thiers sera qualifié de « gnome »,… tout en s’adressant à un très large public, même néophyte. Bien sûr les temps forts de sa vie sont mis en avant comme l’épisode de la Commune, la prison et le procès puis le bagne. Mais l’artiste s’attache plus à nous montrer l’intérieur de Louise Michel : la femme d’action mais aussi et surtout la femme de cœur, cœur pour tous ceux qui souffrent. Celle qui s’indigne de la guerre et des assassinats mais qui se bat comme un lion, passionnément sur les barricades.

Elle nous fait aimer Louise Michel, elle nous fait aussi comprendre qu’elle était une des grandes figures de l’anarchie, une très grande dame, dans le sens « noble » du terme. Dès son enfance elle fut révoltée devant la misère et surtout l’injustice sociale dont étaient victimes les « faibles ». Elle décide très jeune d’emprunter « la voie de l’anarchie » et elle ne la quittera plus jamais. Tout cela l’artiste arrive à nous le communiquer et on vibre avec elle. Bien sur certains diront peut-être que l’auteur a privilégié le côté passion du personnage et a laissé un peu de côté l’idéologie anarchiste pourtant prônée par Louise Michel. Seule la phrase malheureuse de Proudhon sur les femmes est citée. Mais la vie de cette grande dame ne traduit-elle pas sa passion pour l’Homme. C’est une leçon d’humanisme mais aussi d’humilité que nous recevons.

Après la représentation, l’artiste vient tout naturellement discuter avec les spectateurs. La même passion semble transparaître de l’interprète parlant de son personnage. Elle a mis un an pour mettre la pièce en place dont cinq mois à faire une adaptation des Mémoires de Louise Michel. Elle demande l’adresse de la librairie libertaire et se sent prête à écrire un livre sur Louise Michel s’il le faut. Bien sur elle est passée sur Radio libertaire et une personne des Amis de la Commune est venue la voir, elle fut enchantée par la pièce. Mais elle veut avoir les avis des camarades et elle s’écrie : « Mais où sont les anars, je les attends ! Toutes les associations de cathos du 18e sont venues me voir. Où sont les anars ? ». Eh bien camarades, c’est à vous de lui répondre. Salut fraternel à tous.

Lorenzo


Jusqu’au 31 octobre, Louise Michel de Marie Daude au Tremplin Théâtre, 39 rue des trois Frères à Paris 18e, métro Abbesses.