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Andrée Guimarel

Le jeudi 20 janvier 2005.

« Tu feras comme tu pourras, quand tu pourras, si tu le peux, c’est tout. »

Le départ définitif des compagnes et des compagnons laisse toujours ce mélange de tristesse et de souvenirs fraternels qui nous fait osciller entre le désir d’évoquer ces anciens vivants et le silence… Encore un, encore une, place aux jeunes, d’accord, mais lesquels ?

Andrée Guimarel a connu une grande partie du siècle passé, juste après la Der des der (elle est née en mai 1919). Son père était libertaire, elle ne l’a pas renié.

Je l’ai connue solidaire, entière, généreuse. Elle gardait son passé enfoui dans la mémoire ; le présent, seul, comptait. Elle était de toutes les manifestations, tant que son corps l’a bien voulu. Elle hantait la plupart des soirées chantantes libertaires (surtout) et autres, pourvu que la parole y soit intelligente et digne. Ceux et celles qui ont fréquenté Le Trou noir, La Mutualité ou Le TLP en leur temps, L’Européen, Le Trianon, Le Divan du monde, Le Clavel, Le Trévise, Le Forum Léo-Ferré, la petite salle des Vignoles et bien d’autres lieux provisoires ou improvisés, ont forcément croisé sa petite silhouette de frangine discrète aux cheveux argentés.

Avec d’autres compagnes et d’autres compagnons, elle m’avait donné un sérieux coup de main dans mes aventures enregistrées, refusant toute reconnaissance de dette et tout calendrier de remboursement : « Tu feras comme tu pourras, quand tu pourras, si tu le peux, c’est tout. » Comment dire ici, à d’autres, que ce genre de libertaires me manque, nous manque…

Serge Utgé-Royo