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Noisy-le-Grand

Jetons l’ANCRE !

Le jeudi 6 novembre 1997.

L’église traditionaliste Saint-Martin des Gaules de Noisy-le-Grand qui sera inaugurée en grande pompe, excusez « consacrée à Dieu », le 11 novembre 1997, n’est pas seulement un symbole à abattre. Il faut savoir que la Fraternité Saint Pie X, dénomination juridique de l’église schismatique lefebvriste et fondée par Mgr Lefebvre lui-même, tisse sa toile progressivement en France et dans le monde.

Elle possède déjà en France une centaine de lieux de culte, scolarise hors contrat près de 3 000 enfants et édite des revues. Ses liens se nouent tant avec la frange traditionaliste du Vatican qu’avec l’extrême droite : en effet si l’évêché de Saint-Denis et le curé de Noisy-le-Grand refusent leur soutien à l’ANCRE, il n’a pas été difficile à cette dernière de trouver un appui en la personne de Dom Calvet, évêque traditionaliste reconnu par la hiérarchie catholique, abbé du monastère Notre Dame du Barroux et membre de commandos anti-IVG.

Quant à la collusion avec les partis d’extrême droite, on relève dans le comité de soutien à l’ANCRE, la présence, entre autres, de Pierre Bernard (« sans étiquette » et membre de l’Opus Dei), des proches des juntes d’Argentine, de Bolivie, du Chili, des proches du caudillo, des membres du FN. La première pierre fut posée par un évêque schismatique d’Amérique latine.

L’ANCRE dont le président François Triomphe était candidat aux dernières élections municipales, entend assurer un point d’ancrage régional pour le mouvement d’extrême droite dans une ville où le FN a fait 24 % aux dernières élections municipales et législatives (cinq élus FN au conseil municipal) et dans un département « menacé par les problèmes sécuritaires ».

Le travail de propagande est déjà à l’œuvre : diffusion de tracts par l’ANCRE lors du 1er Mai et pour la fête « Bleu-blanc-rouge », large invitation pour le 11 novembre prochain (2 000 personnes dont 1 800 pour un banquet), appel par l’intermédiaire du journal Rivarol à visiter le chantier.

Le PS peu fier de son acte, a bien tenté de se refaire une virginité et de récupérer la mobilisation du collectif en proposant une vaste salle municipale pour des débats mais ce, en échange du silence des organisateurs les plus actifs : Fédération anarchiste, Initiative Républicaine et Noisy Autrement. Le collectif a rapidement remis le PS dans le camp qu’il s’était choisi au départ.

Les connivences politiciennes ont de graves conséquences : l’implantation d’un lieu de propagande extrémiste dans l’est parisien. Que le maire de Noisy-le-Grand attende cinquante ans pour faire lui aussi sa « repentance » ne nous interesse évidemment pas. Même s’il n’attendait pas, cela ne changerait rien à l’affaire. Ce qui importe aujourd’hui est de montrer avec force que nous ne sommes pas dupes et que les complicités (qu’elles soient délibérées ou par ignorance) avec les intégristes sont coupables.

Anticlée