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Opération coup de poing des salariés d’ETG Chausson Gennevilliers

Le jeudi 13 novembre 1997.

Jeudi 30 octobre, 13 heures, quatre à cinq cents salariés d’ETG Chausson profitent du changement d’équipe pour pénétrer dans l’usine Renault-Flins, investir l’atelier de production, bloquer les deux chaînes (120 véhicules/heure), et ce pendant quatre heures.

La direction intervient aussitôt accompagnée d’un huissier pour constater le blocus. Des heurts éclatent entre la direction et les occupants. Les salariés de Renault-Flins rejoignent immédiatement leurs camarades tandis que l’encadrement les rappelle à reprendre leur poste.

L’exaspération est à son comble, c’est le contraire qui se produit. L’action des salariés de Gennevilliers devient une action commune, celle de tous les travailleurs présents. Le blocus total commence pendant que les forces de l’ordre prennent place aux abords du site. Le directeur en personne propose une négociation avec les syndicats pour mettre fin à l’occupation.

La réponse est « On a rien à négocier avec un larbin, amenez nous le PDG ! »

ETG Chausson en route pour la liquidation totale

Filiale du groupe Renault, ETG Chausson ne compte plus que 1 180 salariés qui fabriquent la camionnette Renault Trafic. S’ils ont manifesté à Renault, c’est parce qu’ils sont confrontés depuis juillet dernier à un nouveau plan de 358 suppressions d’emploi.

Ils savent que ce plan n’est qu’une étape vers la liquidation totale, Renault n’ayant d’autre projet que de terminer une production et se débarrasser de tous. C’est ce qu’ils vivent déjà depuis des années dans ce qui fut la « société des usines Chausson » où les sites fermaient les uns après les autres grâce aux actionnaires d’alors : Renault et Peugeot, ceux-ci allant même pour cela organiser un dépôt de bilan frauduleux fin 1993.

Renault reste seul patron de la seule usine de Gennevilliers, avec la même politique vis-à-vis du personnel, faisant le chantage du salaire et de l’emploi depuis plusieurs mois.

La direction voulant faire passer une réduction du temps de travail avec perte de salaire, ils refusent en faisant grève deux semaines de suite et en manifestant en juillet dernier. La colère qu’ils expriment sur un tract CGT-CFDT, c’est qu’il est clair qu’une réduction du temps de travail doit servir à répartir le travail entre tous mais pas à répartir la misère, et à maintenir et créer des emplois sans remettre en cause les salaires.

Conscients des profits patronaux importants depuis toutes ces années, ils pensent qu’il faut prendre au groupe Renault et pas à eux pour financer toutes ces mesures et arrêter les licenciements.

L’espoir

Cette opération coup de poing semble être le point de départ d’une bataille de grande ampleur chez Renault.

Espérons que la colère des ouvriers ouvre la voie à une vraie réflexion de la part de toutes et tous sur une même volonté de changer de système pour une société égalitaire et fraternelle où nous serions libérés des courbes et des pourcentages.

Soyons toutes et tous responsables de ce qui se passe à Renault-Flins et ailleurs.

Noureddine, Sylvie, Bruno
groupe d’Évreux