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Un Antisémitisme païen ?

Le jeudi 20 novembre 1997.

Les évêques parlent des « origines païennes de l’antisémitisme ». C’est faux. Les Grecs et les Romains critiquaient les « Judéens » de l’époque pour leur volonté de particularisme, de séparation d’avec les autres peuples, et non pour des motifs ethniques. De même il est faux de parler de « virulence néo-païenne » à propos du nazisme. Les quelques individus et groupuscules se réclamant d’un « paganisme nordique », d’ailleurs fort mal compris, étaient ultra-minoritaires. Le point 24 du programme du NSDAP (parti nazi) précisait : « le parti comme tel prend position pour un christianisme positif sans se lier à aucune confession de foi ». L’Église catholique, et plus encore les Églises protestantes, étaient à la fois rivales et collaboratrices du nazisme. Maxime Rodinson l’a démontré de façon remarquable ; il n’y a pas d’« antisémitisme éternel » qui ferait face à un « juif éternel ». Il y a des « judéophobies multiples » dans le cadre de conflits religieux, politiques ou sociaux. Lors du Congrès mondial des religions pour la paix, à Nairobi en 1984, André Chouraqui a demandé pardon aux peuples païens des crimes commis contre eux par les peuples qui se réclament sous des noms divers du dieu de la Bible. On ne lui en demandait pas tant.

Lucifer