Accueil > Archives > 2005 (nº 1381 à 1420) > 1404 (23-29 juin 2005) > [Le Combat rock de Little Bob]

Le Combat rock de Little Bob

Le jeudi 23 juin 2005.

« No Future is Now » affirme le premier titre de The Gift, le double album que Little Bob vient de sortir. Le cadeau contient treize titres originaux et sept reprises bien affûtés.



Port du Havre. Quartier de l’Eure. Sur les quais, les pavés poussent sous le bitume comme du chiendent. Des rails glissants et des hangars fatigués parlent d’un passé mal digéré. Près d’un bassin, dans une impasse, la petite maison de Little Bob. Il est dans son jardin en compagnie d’un jeune rappeur qui vient lui faire écouter une démo artisanale.

Douche froide pour ceux qui rêveraient d’argent facile. « Il faut se battre pour défendre des trucs originaux. Tu vois, à mon âge, j’ai dû produire moi-même mon dernier disque. C’est dur. Pour le moment, ça va encore. On me fait confiance. On sait que j’en veux… J’espère qu’un jour je n’aurais pas besoin de faire un hold-up pour sortir un disque ! »

Soixante balais, trente ans de métier, Little Bob a toujours la rage. Il l’exprime sur son nouvel album, un double. Un noir, Still burning. Un rouge, My flaming roots. Le premier parle des gens que l’on croise tous les jours, de ceux qui en bavent, de ceux qui n’arrivent pas à nourrir leurs mômes et qui en ont marre du capitalisme. L’album commence par No Future is Now. Le ton est donné. « La recherche du profit pourrit le monde. Les riches tirent toutes les ficelles. Qu’est-ce qu’on pourrait faire ? Peut-être la révolution ? » suggère l’ami Bob.

Combatif, The Gift est aussi une galerie de portraits à la John Fante. « Le disque parle plus que jamais du Havre. On y retrouve les docks, le garagiste du coin, une voisine, des gamins de quinze ans comme ce Little Juju qui a eu des petits problèmes avec la police… » Quant à Red Clouds, ce n’est pas un clin d’œil au chef sioux mais l’histoire d’une ville qui suffoque sous un ciel pollué par la pétrochimie. Autant de tranches sociales débitées avec une énergie féroce et, néanmoins, généreuse. « Il y a un gros son rock sur cet album. Les fans de la Story aimeront. C’est très rock mais avec des influences blues et européennes. » L’autre CD reprend des titres des 60’. Des reprises qui ne doivent rien au hasard. On y trouve notamment I’m going to change the world d’Eric Burdon et Masters of war de Robert Zimmerman. « Une chanson créée contre la guerre du Vietnam et que Bob Dylan rechante contre la guerre en Irak », explique Ti’ Bob.

The Gift est dans la veine du Libero sorti en 2002. Little Bob était allé taquiner Roberto (son vrai prénom) pour rendre hommage à son père Libero Piazza, un prolo italien qui, en 1957, était venu travailler au Havre, chez Tréfimétaux (où Bob a aussi traîné une dizaine d’années). Libero, « libre », quel drôle de nom ! Inconnu des calendriers, c’était une trouvaille du papy anar qui ne ratait jamais une occasion pour emmerder les curés et les fachos.

Et après ? « Mon prochain album sera électro-acoustique avec toutes les ballades de mon répertoire. Mais, pour l’instant, j’ai du rock ‘n’ roll à défendre ! » On l’aura compris, la retraite à 60 ans, c’est pas pour Little Bob, « la dignité du rock » selon Jean-Bernard Pouy.

Paco


L’actualité discographique de Little Bob est chargée. Pas moins de sept CD (dont un double) ont été mis en circulation en quelques mois. Rock‘n’roll not dead. En mai, The Gift est venu fêter trente ans de scène. Début juin, quatre rééditions remasterisées sont sorties chez BMG. Il s’agit de Come see me (1978), Little Bob Story live in London (1979, jamais sorti en CD), Light on my town (1980, jamais sorti en CD), Vacant heart (1982). Le 16 aout, deux autres albums légendaires sont ressortis chez EMI. Il s’agit de Too young to love me (1984) et de Lost Territories (1992).

Quelques dates pour l’été :
Brest (21 juillet), Binic (3 aout), festival Rock’n’blues de Segoufielles (20 aout), Béjaïa-Algérie (25 aout).

Plus d’infos sur http://littlebob.free.fr

Contact : littlebob -chez_ porte-oceane.com.