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France Soir ?

Le jeudi 9 septembre 2004.

« Rédaction, jeune, compétente, enthousiaste, masse salariale allégée, ayant affronté foultitude d’épreuves, cherche repreneur sérieux ayant deniers et envies à offrir à journal qui n’attend plus que vous pour remettre idées fraîches sous presse. Contacter francesoirenlutte chez yahoo.fr »

Telle était l’annonce parue dans Libération à l’initiative des salariés de France Soir en date du lundi 30 août. Singulier mois de vacances estivales, rappelant celui de 2001 où un plan de licenciements (« social ») avait été élaboré.

Rappelons l’histoire. à la Libération, Pierre Lazareff établit France Soir rue Réaumur où il restera jusqu’à son rachat, il y a une vingtaine d’années, par la Socpresse (Robert Hersant y régnant encore). L’entreprise n’étant plus « rentable », FS fut vendu en mars 1999 pour 1 franc symbolique à Georges Ghosn. L’imprimerie d’Aubervilliers a succédé à Roissy Print de la Socpresse où est encore tiré Le Figaro. Entité autonome, France Soir version 93 ne sortit pas de l’ornière et fut « vendu pour 1 franc symbolique » au groupe italien Poligafi en 2000. Quatre ans plus tard le fond de l’air est toujours aussi frais et au milieu du mois de juillet l’annonce est faite : France Soir est vendu par Poligrafi Editoriale à Jean-Pierre Brunois marchand de biens immobiliers. Il devait posséder 51 % des actions et verser 7,1 millions d’euros. Les élus du CE se posent alors légitimement des questions : où est l’argent et quel est son projet éditorial ?

Juridiquement le CE doit donner son avis, favorable ou défavorable, sur la cession du titre à un nouvel acquéreur. Mais le peut-il quand les informations demandées à J.-P. Brunois, inconnu dans les milieux de la presse et de l’imprimerie, ne lui sont pas parvenues ? Début août (vendredi 6) un conseil d’administration convoqué par Poligrafici Editoriale devait entériner le tout, l’ordre du jour prévoyant la modification des statuts, l’agrément de nouveaux actionnaires, et la nomination de J.-P. Brunois comme président du conseil d’administration de FS. Les élus du personnel annonçaient leur décision de porter l’affaire devant la justice, de s’adresser au ministre de la Culture et de la Communication.

Rebondissement au jour précité : Jean-Pierre Brunois ne se présente pas à la réunion. La direction de France Soir demandant même un dédommagement conséquent à l’homme d’affaires « très éloigné des médias ». La direction de Poligrafici s’était en son temps plainte de la gestion de G. Gohsn et des ardoises qu’il avait laissées. Se seraient-ils encore fait rouler dans la farine ?

Mais quid de l’avenir des salariés de FS ? Après le sinistre vendredi du début août, le délégué syndical de Presse Alliance appelait de ses vœux dans une tribune libre parue dans Le Monde la renaissance d’une presse libre et diversifiée. Pour la rentrée l’annonce parue dans Libération alimente l’agit-prop. La direction communiquant dans les couloirs ; plan social ou dépôt de bilan. Il ne reste plus à France Soir qu’une centaine de salariés dont soixante journalistes. La rentrée sera tendue. Courage à eux !

Sitting Bull