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éditorial du nº 1366

Le jeudi 9 septembre 2004.

La machine a fabriquer des clandestins a montré cet été que sa capacité de nuisance était restée intacte.

Le harcèlement judiciaire dont a été victime Cesare Battisti ne pouvait que générer sa fuite et ses corollaires : criminalisation de son innocence et insécurité, non seulement pour lui même, mais aussi pour tous les réfugiés italiens qui croyaient que depuis plusieurs années l’État français était capable d’assurer leur sécurité. Peu importe qu’il soit resté en France ou parti à l’étranger : cette préoccupation journalistique reste sans intérêt. Ce qui compte malheureusement, c’est la manière dont certains naïfs qui n’avaient, il est vrai, guère le choix, pouvaient percevoir la France comme un sanctuaire.

Triste réalité. Il n’est qu’à regarder Sarkozy ou Juppé la tête d’ampoule, pour se rassurer. Au bout du compte, l’État ne se soucie de l’afflux d’étrangers pour faire bonne mesure dans les discours et abreuver les entreprises de main d’œuvre soumise et bon marché. Trop nombreux pour les démagogues et pas assez pour les économistes, les flux migratoires, comme ils disent, sont désormais plus que jamais un enjeu pour entretenir la peur et surtout le chiffre d’affaires.

Pour passer du coq à l’âne et faire court, il n’est pas nécessaire de sortir de l’ENA pour se rendre compte bien vite que les querelles de ces gens qui n’ont que ça à faire, n’ont qu’une finalité : savoir lequel des deux va prendre le pouvoir et comment. Celui qui nous démontre la différence profonde entre UMP et UDF, a gagné la reconnaissance éternelle des enseignants de Sciences-Pô (de chambre).

Bon, soyons sérieux, cette rentrée est pleine de promesses. On va se régaler de l’offensive contre les trente-cinq heures et comme le pleurniche cette bonne vieille ordure de Baron Seillière : « on n’a rien eu, nous ! » Les travailleurs eux mesurent largement les rancunes et les fantasmatiques frustrations en carton pâte de ce patronat arrogant et jusqu’à présent impuni. Ils y ont eu droit, eux : délocalisations, chantage à l’emploi, fermetures de site. Ces bons vieux tauliers se croient investis depuis quelques temps de tous les droits et de tous les pouvoirs sous prétexte de rentabilité et de soif de revanche. V’la t’y que les patrons peuvent être pris en ôtages par les salariés. On se croirait presque en Irak.