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Jurisprudence Ambiel

Le jeudi 16 septembre 2004.

Dominique Ambiel, l’ex-conseiller en communication de Raffarin, a été jugé par le tribunal correctionnel de Paris lundi 5 septembre. Il s’agit bien évidemment de la rocambolesque affaire de son arrestation en compagnie d’une prostituée mineure, laquelle se serait trouvée, selon lui, « par hasard dans sa voiture ». Précisons que l’intéressé n’avait pas cru bon de se rendre devant les juges. Ceux-ci l’ont condamné à 1 500 euros d’amendes, peine symbolique pour ce pionnier de la télé-réalité, qu’on devine à l’abri du besoin. Estimant son honneur bafoué, Ambiel fera malgré tout appel de cette décision.

Concernant le second volet du jugement, il y a peu de chances qu’il fasse de même. Rappelons que, selon les policiers qui l’ont interpellés, le délinquant avait tenu à leur égards des propos plutôt vifs. Ils avaient donc porté plainte, et l’outrage à agents avait été retenu… avant d’être, lundi, écarté au bénéfice du doute. Que Dominique Ambiel se soit excusé par écrit de cet « emportement », que les policiers aient, étrangement, retiré leurs plaintes depuis, fournissait au tribunal suffisamment de prétextes pour relaxer l’ex-conseiller. Cependant, dans leur zèle, les juges n’ont pas hésité à en rajouter une couche, estimant publiquement que dans le cas qui nous occupe, « la parole des policiers n’était pas suffisante ».

Que celles et ceux qui se sont retrouvés en garde à vue, poursuivi(e)s pour outrage à cause d’une parole un peu plus crue qu’une autre, ou même pour avoir seulement demandé à un flic de cogner moins fort, on est pas sourds, méditent cette phrase. La parole des policiers n’est pas suffisante ? On le savait depuis longtemps bien sûr, mais on désespérait de l’entendre un jour de la bouche d’une présidente de tribunal. A nous maintenant de faire en sorte que cette jurisprudence s’applique à toutes et tous ! Je plaisante, malheureusement, car d’abord à ce niveau de justice il n’y a pas de jurisprudence, qu’ensuite on ne s’appelle pas Ambiel, qu’il n’est pas pour demain le jour où on pourra, non pas insulter les poulets (ce n’est pas notre genre), mais simplement leur dire monsieur, pourriez-vous me serrer un peu moins fort le bras, s’il-vous-plaît, sans que ça nous coûte une nuit en cage, et plus si affinités. Oui, c’est pas pour demain.

Fred, Groupe Louise Michel