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Menaces sur le droit de grève…

Le mardi 23 septembre 2003.

Alerte ! quand le droit de grève des uns est menacé, c’est celui de tous qui risque de disparaître. Ainsi donc ce gouvernement de droite extrême veut abattre le droit de grève ! Déjà extrêmement difficile à mettre en œuvre, le préavis de cinq jours francs (samedi et dimanche non comptés), obligatoire dans la fonction publique et les services publics, est fait soit-disant pour permettre de négocier pour éviter la grève. Dans la réalité, aucune direction n’accepte de négocier « à froid », et le plus souvent, les négociations n’ont lieu qu’après un conflit dur. La médiation proposée existe déjà dans la loi, mais n’est jamais mise en œuvre avant la grève. Deux belles « ficelles » viennent d’être trouvées par le comité d’experts sur la « continuité du service public » (Commission Mandelkern) :

 un salarié désireux de faire grève devrait le faire savoir personnellement 48 heures avant,

 porter le préavis de 5 jours à 10 jours (sans compter les samedi et dimanche).

Si ces dispositions venaient à être adoptées, c’en est fini, en pratique, du droit de grève ! Imagine-t-on les pressions qui pourront être faites sur le salarié qui déclarera deux jours avant son intention de faire grève ? Si l’on prend un exemple : je veux faire grève à compter du lundi. Je dois déclarer mon intention le mercredi précédent au plus tard (le samedi et dimanche, normalement non travaillés ne comptent pas dans le délai) ! Le syndicat, lui, a dû déposer le préavis depuis deux semaines ! Deux semaines à subir la propagande patronale et les pressions individuelles sur les salariés ! À la Sécu, des directeurs n’hésitent pas à utiliser l’argent de nos cotisations sociales pour tenter de briser la grève : ils ont les moyens de diffuser aux frais des salariés toute propagande anti-syndicale, chaque jour s’il le faut, et ils ne s’en privent pas ! Comble du cynisme, le salarié qui changerait d’avis se verrait puni :

 s’il veut faire grève sans l’avoir déclaré, c’est une absence illégale, cause de licenciement pour faute grave,

 s’il ne veut plus faire grève, sa rémunération sera quand même réduite.

Cette déclaration d’intention deviendrait un véritable « contrat ». Un salarié gréviste pourrait de toute façon être quand même réquisitionné par le préfet (cette possibilité existe déjà). En contrepartie, le salarié pourrait saisir le tribunal administratif : la justice de classe ! Si l’on n’y prend pas garde, si chacun.e ne défend pas bec et ongles les salariés du secteur public, le droit de grève, déjà bien improbable, sera impossible à exercer ! Les salariés du public sont souvent à la pointe du combat social solidaire de la classe ouvrière : c’est souvent grâce à eux, parce qu’ils osent être syndiqués, parce qu’ils sont nombreux à faire grève, parce qu’ils ont une relative liberté de faire grève, que la classe ouvrière a conquis des droits. Casser leur droit de grève, c’est affaiblir tout le mouvement social, c’est affaiblir toute la classe ouvrière. Un rêve de patron qui pourrait se réaliser ! À nous de contrecarrer leur casse des conquêtes sociales ! Une seule réponse : la solidarité de la classe ouvrière (les travailleurs en fait) !

Limons les dents des patrons !

Patrice Bardet, délégué syndical (révocable par les syndiqué.e.s), Ufict-CGT


Article extrait de La lettre des militant.e.s syndicalistes libertaires, nº 47, septembre 2004. Pour les contacter, proposer des brèves et des articles : <lettremsl> . Sinon, un site : http://perso.wanadoo.fr/lettre-msl/..