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Nouvelle des fronts

Le jeudi 23 septembre 2004.

Nouvelles des fronts, c’est la rentrée et, malgré le mauvais coup de la Sécu passé comme une lettre à la Poste au temps du service public, ça recommence ! Fini l’argentique, Kodak : cinq labos à fermer et 400 salariés à reclasser. Quand on sait ce que valent les reclassements, il y a de quoi être inquiets, surtout si l’on en croit les travailleurs d’ACT-manufacturing d’Angers. En effet, parmi 473 déclassés, seuls 167 ont retrouvé un boulot (petit) et pour 135 d’entre eux en CDD, bien évidemment. On souhaite bonne chance aux 183 salariés d’un gros équipementier automobile victime d’une délocalisation, il leur suffit à leur tour de se délocaliser. D’ailleurs, on embauche en Hongrie dans ce secteur…

Des promesses, toujours des promesses, et des syndicats à la noix pour signer tout et n’importe quoi. Pourtant, la fusion-absorption du Crédit agricole et du Crédit lyonnais en 2002 ne devait pas avoir de conséquences sociales… Eh bien, promesse tenue, le Lyonnais a annoncé 2 472 suppressions de postes. Comme quoi, même derrière un banquier (pseudo)mutualiste peut se cacher un vrai patron libéral. Seuls les indécrottables utopistes seront surpris. La Mutualité, c’est plus ce que c’était, et l’économie sociale, comme le socialisme chinois, est bien de marché. À bon entendeur…

Outre-Rhin, le patronat, toujours cogestionnaire, a eu cet été une nouvelle idée. Le travailleur allemand, bien connu pour son oisiveté, bénéficie (encore) à ce jour de six semaines de congés payés annuels (records d’Europe). Une Fédération d’employeurs, la BDI, considère « qu’il ne serait pas insupportable » (sic) aux salariés allemands de voir lesdits congés réduits à cinq semaines. Merci patron ! Au-delà, un peu d’analyse : après l’offensive contre les 35 heures, bientôt l’attaque frontale contre les acquis de 1936. On n’arrête pas le sens de l’histoire, y’a pas. Outre-Alpes, la compagnie aérienne Alitalia a annoncé l’envol de 5 000 collaborateurs et menace d’un dépôt de bilan s’il y a de la résistance. Selon la météo, l’atterrissage pourrait être difficile.

Une note d’optimisme dans cet océan de licenciements, la très vénéneuse OCDE fait l’hypothèse qu’en 2005, 36 millions de personnes seraient au chômage dans les trente pays qui la composent, soit, avec les chiffres bidonnés de cette organisation environ 7 % de la population active. En bref, l’été a été pourri.

La rentrée par contre s’annonce bien, Sarko favorise les héritiers et se propose de baisser certains impôts sur les entreprises (sans doute pour embaucher) pendant que Fabius, fils putatif de Mitterrand, s’exerce frénétiquement à éclaircir le débat politique sur l’antisociale Constitution européenne en déclarant : « Non mais si oui enfin peut-être dans l’éventualité d’un non toujours possible… » La démagogie et la prise de pouvoir feront le reste.

Hugues, groupe Pierre-Besnard


La loi du marché

La force de travail est une marchandise, elle s’achète au meilleur prix. En 2001, un travailleur dans l’industrie manufacturière coûtait en France 15,90 $ de l’heure ; en Corée, 8,10 $ ; au Brésil, 3 $ ; en Chine 0,40 $ ; en Inde 0,30 $. Difficile de s’aligner… Remarquez, ça marche dans les deux sens. Un prolo japonais, c’est 19,60 $. Et hop, voilà Toyota à Onnaing ! Si la main invisible fait bien son travail, l’harmonisation devrait — théoriquement — se faire. Avec deux milliards d’êtres humains à 40 cents et quelques centaines de millions à 20 $, la moyenne devrait s’établir autour de pas bien haut, avec des pointes à juste assez — mais seulement pour les plus méritants !