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Quand l’autruche éternue…

…c’est toute la jungle qui s’enrhume
Le jeudi 30 septembre 2004.

Mobilité

« En réalité, plus de 50 % des affaires publiques consistent à nommer des gens et à les remplacer. » Jacques Attali, remplaçant.

Le temps qui reste sert à virer ceux qu’on a nommés, et à leur retrouver un poste. Épuisant.

Énormité

« En fait, on retrouve l’idée d’une internationale noire, comme à la fin du XIXe siècle quand on voyait des anarchistes partout, prêts à s’emparer du pouvoir. » Alain Gresh, du Monde Diplo.

Et vas-y que je te ressers, pour la seconde fois en un mois, la comparaison entre Al Qaïda et l’anarchisme fin XIXe … Le Monde diplomatique, canard boiteux qui s’imagine à la pointe d’une certaine gauche radicale, montre ici à quel point il est à la traîne. Sa ligne éditoriale : les poncifs les plus éculés. Fig’ mag’, Monde diplo, même combat.

Victoire

« La laïcité a gagné, mais rien n’est jamais gagné. » Fillon, un peu perdu.

Une déclaration qui a le mérite d’être aussi claire que la politique de l’État vis-à-vis des religions.

Pataugas

« Le non, c’est l’aventure. » Strauss-Kahn, futur président (non je déconne).

Aventure ici signifie : risque, danger, jungle, affrontements sans merci contre les communistes en rut et ce redoutable prédateur, le Fabius-candidat. On comprendra que Strauss préfère enfiler les pantoufles confortables du oui, plutôt que les pataugas du non.

Exigences

« Nous avons fait respecter les justes exigences du monde entier envers Bagdad. » Bush, candidat par devers Dieu.

Pour Bush, le monde entier c’est Dallas plus Denver plus la Floride, quand elle vote bien.

Touche

« Ce n’est pas en se mettant sur la touche qu’on tire des coups francs. » Claude Allègre, assis sur le banc.

Cette métaphore footballistique, je l’avoue, m’a frappé. Dans le registre des phrases qui ne veulent rien dire, c’est un modèle. Cela sonne un peu chinois, genre « l’homme heureux n’a pas de chemise », et ça a le mérite de pouvoir s‘appliquer à tout et surtout à n’importe quoi. Pour Allègre, sur la touche, ce qui compte c’est causer. Causer pour exister un peu, causer mais surtout ne rien dire. Bravo, c’est réussi.

Prêt

« Moi je ne connais qu’une chose : j’ai demandé un prêt à une banque, qui me l’a accordé. » Pasqua-le-Moko.

Que la banque soit chypriote, que le prêt soit de 450 000 euros (30 millions de francs), que ce prêt soit garanti par une société offshore et que Pasqua n’ait, à ce jour, pas remboursé le plus petit centime, n’a évidemment rien à voir avec ce qui nous préoccupe. Ce qui nous préoccupe c’est que Charles, homme de bonté, nous fournisse rapidement les coordonnées de cette banque. C’est pas pour moi, c’est pour ma mère : elle veut s’acheter un canapé.

Frédo Ladrisse


(sources : Libération, le Parisien, Politis).