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Nouvelle des fronts

Le jeudi 7 octobre 2004.

Ça va pas fort sur le front des luttes ; contrairement à la Bourse (du non-travail), la tendance est au recul. Ainsi, dans l’Hexagone en 2003, le ministère des « Affaires sociales » (?) n’a répertorié que 545 conflits sociaux contre 616 en 2002, soit une baisse de la conflictualité sociale de 78,9 %. Rien que ça…

Les causes principales de ces conflits seraient les salaires (37 %) et l’emploi (28 %). Face à ces deux causes, on pourrait s’attendre à une augmentation des luttes, mais il apparaît que le matraquage idéologique sur les vertus d’un capitaliste indépassable a eu raison de la « combativité ouvrière ». Résignation, soumission, démission, tu peux dormir en paix, baron ! 2004 ne s’annonce pas mieux du côté de l’emploi puisque les intentions d’embauche sont en chute de 9 % particulièrement dans l’industrie.

La fin du travail ne serait donc plus un mythe mais une réalité. Mais il ne s’agit plus d’âge d’or et d’automation mais d’une réalité bien plus cruelle : partage de la misère et précarité planétaire. Une preuve, le Bureau international du travail dans une étude récente (septembre 2004) constate qu’avec la mondialisation « la sécurité de l’emploi diminue presque partout » alors que la richesse augmente, celle des riches, ça va de soi.

Et, pendant les soldes, on délocalise, le centre d’appels sous-traitant de SFR-Cégétel, haut lieu du taylorisme en col blanc, devrait s’exiler au Maroc, entraînant une menace forte sur 210 emplois. Au Monde, en vue de se délocaliser vers son nouveau siège parisien, les anciens de la IVe Internationale proposent aux petits soldats de la presse de bien vouloir immoler à la gloire d’Edwy une centaine d’entre eux, en toute camaraderie, bien sûr. Chez Perrier, rien n’est encore joué, la CGT fait des bulles. Fermera, fermera pas ?

À tout hasard, si les pro-l’eaux de chez Perrier faisaient une coopérative, je m’engage à boire — quelquefois — de l’eau qui pique et à tenter de convaincre l’administrateur de notre hebdo de faire une cuvée Monde libertaire pour le cinquantenaire.

Outre-Rhin, le pire est arrivé, la voiture du peuple, si chère au Führer, est maintenant contre le peuple. Le groupe Volkswagen remet en cause les 35 heures. KO-gestion en dix rounds ! Dans le même temps, les revenus des membres du directoire des trente plus grandes entreprises allemandes passent à 1,42 million d’euros en moyenne, soit une petite augmentation de 11 %. Comme quoi, c’est pas la crise pour tout le monde ! Outre-Chanel, le big chief du Medef local, le CBI, pense que les syndicats sont « de plus en plus inutiles » (sic).

À y regarder de près, il a peut-être bien raison. Quant au rêve américain, je ne veux déprimer personne, surtout pas les candidats à l’immigration qu’on bute comme des lapins dans le désert texan, il est en chute libre. La compagnie United Airlines compte procéder à 6 000 nouveaux licenciements, tout comme Delta Airlines d’ailleurs. 12 000 Kamikazes en puissance, Bush peut se faire du mouron.

Et, pourtant, baron, la solution on la connaît, plutôt que de faire des économies sur le travail, pourquoi tu ne t’attelles pas à faire baisser le coût du non-travail ? Par exemple, les jetons de présence des actionnaires, la rémunération du capital, la distribution de stock-options à tes valets, les grasses pensions (5 231 euros) de nos inutiles et très conservateurs sénateurs qui planquent une cagnotte de 173 millions d’euros.

Hugues, groupe Pierre-Besnard