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éditorial du nº 2

novembre 1954.

Le premier numéro du Monde libertaire a reçu un accueil chaleureux partout où la modestie de nos moyens nous a permis de le diffuser.

Nos amis — comme nos adversaires — ne s’y sont pas trompés : ils ont eu les uns et les autres la révélation que le mouvement anarchiste possédait enfin le grand journal auquel il pouvait prétendre.

Dès le premier numéro, nous avons dit le « pourquoi » du Monde libertaire. Précisons-en aujourd’hui le « comment ».

Tribune ouverte à tous les courants de la pensée anarchiste, ce journal ne sera jamais au service exclusif d’une tendance ou d’une « majorité ».

Nous avons été, en effet, unanimes pour estimer que, dans ce monde où un monolithisme étouffant stérilise la pensée humaine, nous nous devions de sortir des sentiers battus et d’apporter à nos lecteurs autre chose qu’une « unité idéologique » préfabriquée dans le sérail des « guides géniaux ». Et nous sommes convaincus que l’efficience, dont se réclament certains pour supprimer toutes libertés d’expression, ne se justifie que dans la mesure où les moyens employés ne sont pas la négation du but à atteindre.

Car, n’en déplaise à quelques pauvres d’esprit dont l’« activisme » se pare d’un romantisme révolutionnaire désuet, nous sommes persuadés que la véritable efficience révolutionnaire se situe dans la perspective d’une revalorisation de certaines valeurs morales, hors desquelles toute révolution ne peut qu’aboutir à l’esclavage dégradant du totalitarisme.

Ces valeurs morales, nous entendons combattre, sans sectarisme, mais sans faiblesse, les absurdités criminelles du monde autoritaire.

Dans ces perspectives, nous n’excluons aucun des aspects différents que peut revêtir le combat anarchiste. De la non-violence philosophique d’un Léon Tolstoï à la violence révolutionnaire d’un Durruti, en passant par la révolte individuelle d’un Jacob, l’anarchisme, divers dans ses manifestations, s’insère dans une unité naturelle : la revendication permanente de la liberté et de la dignité.

Non : l’anarchisme ne peut, sans se renier, plagier ce qu’il combat.

C’est pourquoi, fidèles à un idéal pour lequel tant des nôtres ont lutté, nous appelons à se rassembler autour de notre journal et dans notre organisation tous ceux qui, en trouvant l’anarchie ont trouvé leur raison de vivre ; tous ceux qui, sous des formes différentes luttent pour un objectif commun : la libération de l’homme.

Le M.L.

Une feuille, dont le titre nous fut cher — et c’est pourquoi nous en avons conservé l’essentiel — mais qui, aujourd’hui, chaque fois qu’elle paraît, insulte les noms de Sébastien Faure et de Louise Michel dont elle continue à se réclamer abusivement, nous injurie dans une « mise en garde » où la vulgarité le dispute à l’odieux.

Nous nous refusons à engager une polémique avec ces amateurs de mauvais romans policiers, nous contentant de réserver à leurs élucubrations une destination naturelle : la boîte à ordures.