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Pour la libération de Lucien Léger

Le jeudi 14 octobre 2004.

Depuis le mois de juillet dernier, Le Monde libertaire s’est fait l’écho d’un cas effrayant et exemplaire de la logique destructrice de notre système pénal : Lucien Léger, qui depuis quarante ans est enfermé dans les prisons françaises.

Cela fait maintenant plus d’un mois que Le Monde libertaire publie chaque semaine un article abordant, selon un angle particulier, le cas du « plus ancien détenu français ».

En clair, une campagne d’information et de sensibilisation a commencé dans nos colonnes.

Étonnant ou pas, les médias, qui reçoivent pourtant notre journal, n’en ont pas retenu une ligne. En matière de plongée dans le passé, on préfère sans doute le pensionnat de Chavagnes à une certaine réclusion à perpétuité qui perdure depuis 1964… Les pouvoirs publics n’ont pas plus réagi à nos articles, mais quant à eux nous restons sans illusions tant qu’une pression suffisante de l’opinion publique ne contribuera pas à hâter une décision de justice qui aurait dû être prise il y a longtemps.

Qu’à cela ne tienne. Nous constituons un comité de soutien pour la libération de Lucien Léger. Obtenir sa liberté est notre objectif premier. Non pas le seul. Car si le cas de Léger est unique par la durée exceptionnelle de sa peine, son exemple pourrait être suivi par d’autres condamnés à perpétuité qui pourrissent à l’ombre des hauts murs. Parce que l’enfermement qui n’a d’autre but que la destruction planifiée de l’individu est inacceptable, parce que l’horreur carcérale, qu’elle relève ou non de l’erreur judiciaire, est indigne d’une société dite civilisée, notre comité de soutien tâchera à travers son action pour la libération de Lucien Léger, de sensibiliser l’opinion sur le sort abject fait aux longues peines.

Jusqu’à présent, cette campagne a été portée publiquement par Le Monde libertaire. Soyons lucides, ce n’est pas suffisant pour mettre un terme à l’acharnement pénal dont est victime Léger, pour ébranler la logique — ou l’aberration — répressive de notre système de « justice » qui ici ne connaît plus de limites, ni pour provoquer des réactions médiatiques dépassant le sensationnalisme ou les rapports mensongers dictés par les diverses officines du pouvoir. Si notre regard reste fermement libertaire, la vocation de notre comité est d’élargir notre campagne, de faire en sorte que de nombreuses personnalités s’en emparent et partagent notre indignation pour lui donner encore davantage de résonance. Vous, lecteurs et lectrices du Monde libertaire, pouvez apporter une contribution précieuse ; la chape de silence qui pèse sur Lucien Léger est telle que les efforts pour briser cet autre enfermement ne seront jamais trop nombreux.

Dans une époque où la clémence et le respect de l’individu sont moins que jamais la préoccupation des pouvoirs publics et privés, la tâche de notre comité de soutien pour la libération de Lucien Léger promet d’être ardue. Mais nous la mènerons avec d’autant plus d’opiniâtreté.

Comité de soutien pour la libération de Lucien Léger

c/o Publico, 145, rue Amelot, Paris 11e