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« Ekintza Zuzena »

au Pays Basque, les libertaires ont aussi leur revue
Le jeudi 28 octobre 2004.

La revue Ekintza zuzena (« Action directe », en langue basque) est née en 1988 et a édité trente et un numéros. Elle bénéficie aujourd’hui d’une reconnaissance des médias alternatifs et des mouvements sociaux et libertaires de toute l’Espagne : elle est même devenue une référence.

À l’origine, c’est le collectif anarchiste Iraun qui l’a créée ; deux ans plus tard, ce collectif se dissout après avoir tiré les enseignements que son investissement dans les mouvements d’alors (écologie, féminisme, antimilitarisme, etc.) se heurtait à la faiblesse et à une inertie globale des libertaires sur les questions d’organisation. Pour éviter l’isolement politique à travers leur groupe et prendre en compte la complexité rencontrée sur le terrain des luttes réelles, les protagonistes d’Ekintza zuzena décident donc de faire de la revue un média indépendant de toute organisation mais en affirmant dans le même temps son influence libertaire.

L’objectif de la revue est de participer à la contre-information et d’ouvrir des espaces de débats. Son rôle, particulièrement dans le contexte répressif du Pays Basque, est d’identifier et de valoriser des situations ou des espaces de pensée pour pouvoir intervenir. Un travail de dénonciation du pouvoir répressif espagnol, des bureaucraties « progressistes » ou « gauchistes », la mise en évidence de projets révolutionnaires ou d’initiatives quotidiennes se posant en alternatives réelles au modèle social existant, l’approfondissement de la pensée contre son atrophie… sont autant de tâches que se fixe la revue. Elle veut être utile pour un espace social émancipateur, car il est vital qu’existent des conflits, des exemples et des alternatives, qui doivent être dans un processus de recherche de changements sociaux larges et radicaux.

Dans cette optique, une réflexion permanente et en profondeur sur l’information, son traitement, sa présentation… est essentielle. Ainsi, par exemple, la revue n’offre pas de séparations entre ses rubriques « politique », « économie », « société », comme le font les grands journaux. Pour l’équipe de EZ, il s’agit là d’éviter un mécanisme de manipulation pratiqué par les médias dominants qui hiérarchisent l’information, en rendant la réalité parcellaire alors que ces réalités forment un tout, en interrelation. Le dernier numéro (nº 31) paru présente donc un sommaire qui est le reflet des démarches et des préoccupations du collectif qui fait la revue. On y trouve des articles comme : L’antimilitarisme à la croisée des chemins, Contre-information : entre réel et virtuel, Les ONG sont-elles une industrie de la solidarité ? Sortir de cette société sans la laisser en paix : les impacts du zapatisme en Amérique latine, Sans amour libre, il n’y aura pas de révolution, La commercialisation du punk, etc.

Cette revue se distingue de la majorité de la presse libertaire de la péninsule ibérique par le soin apporté à sa réalisation, tant sur le fond que sur la forme. La revue ne dispose ni d’une rédaction fixe ni de moyens techniques propres. L’équipe de rédaction se réunit lorsque le besoin s’en fait sentir, tout en maintenant un lien minimum entre les protagonistes. Cela traduit aussi la volonté de l’équipe de se consacrer aux mouvements sociaux puisqu’ils y sont actifs. Tout cela a des incidences sur la régularité de la publication : aujourd’hui, la revue paraît une fois par an alors qu’elle fut trimestrielle. Mais se libérer des contraintes de parution fixe et trop rapprochée permet d’éviter l’écueil du manque de recul sur l’information quotidienne surabondante, avec les erreurs et l’intoxication médiatique qui en découlent souvent. La sélection des textes est réalisée lors d’assemblées, sur la base de décisions au consensus. Les membres de l’équipe fournissent généralement des notes de lecture et quelques autres rubriques, et coordonnent les commandes d’articles, valorisent les contributions à des débats, la gestion de dossiers thématiques, etc.

La diffusion de la revue est assurée exclusivement par des canaux non commerciaux : des librairies, athénées, groupes, réseaux, personnes, etc. à travers toute la péninsule. Toutefois, les ventes ne suffisant pas à financer la revue, des activités complémentaires sont réalisées en soutien à EZ : concerts, compilations de groupes, éditions de matériel de promotion, etc.


On peut contacter la revue à : Ekintza zuzena, Apartado 235, 48080 Bilbao (Bizkaia) Espagne.

Par Internet : http://www.nodo50.org/ekintza ou par courriel : <ekintza> .