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Le jeudi 28 octobre 2004.

À l’occasion d’une table de presse pour le concert des Amis d’ta femme, de Lutin bleu et de Baratin de la joie, à Saint-Ambroix, le 8 octobre 2004, nous avons rencontré l’un des trois lutins et lui avons posé quelques questions…



Tristan : Tout d’abord bonjour ! Est-ce que tu pourrais présenter le groupe, pour ceux et celles qui ne le connaissent pas encore ?

Ludo : On est un trio de Grenoble, qui existe depuis à peu près dix ans. Cinq disques sont déjà sortis et bientôt un DVD Live. On fait du « rock éclectique matinée de punk ».

Tristan : Est-ce que vous arrivez à vivre de votre musique ?

Ludo : Oui, depuis 1995-1996. On a réussi petit à petit à amener tout le monde à l’intermittence, entre les concerts et du taf à côté pour mettre de l’eau dans les épinards. Sachant qu’il faut une cinquantaine de dates ; des fois on en fait moins parce qu’on est en studio, des fois vachement plus parce qu’on fait rien d’autre.

Tristan : Sous quel angle abordez-vous votre musique ?

Ludo : On est venu à la musique plutôt sous l’angle du spectacle, on ne s’est pas vraiment posé la question du contenu. On est monté sur scène pour faire du rock n’ roll, transpirer et s’éclater. Et, après, fatalement quand t’écris des chansons, au bout d’un moment, tu es plus ou moins perméable à l’actualité et au monde qui t’entoure. Donc, forcément, t’as envie de raconter ce que tu ressens par rapport à tout ça. C’est vrai qu’à nos début, on avait tendance à chanter que youpla boum et, petit à petit, on a chanté un peu plus de choses qui ont rapport à l’actualité. Sinon notre truc à nous, c’est de traiter ça sous l’angle du second degré, de la dérision, on trouve que c’est plus facile de faire passer des choses sous cette angle-là.

Tristan : Et Anachérie ?

Ludo : C’est presque un contre exemple, parce que finalement c’est une des chansons les plus sérieuses et revendicatives du répertoire… Je devais être énervé ce jour-là. Mais si tu prends un morceau comme Ernest-Antoine, c’est plus traité sous l’angle de la connerie. D’ailleurs je trouve que finalement ça colle assez bien avec le sujet !

Tristan : Votre dernier album a deux ans, à quand le prochain ?

Ludo : L’année prochaine, justement ; toute cette année, on s’est occupé de boucler le DVD. C’était pas une mince affaire puisqu’on l’a fait nous-mêmes.

Tristan : Le DVD, racontez-nous un peu…

Ludo : C’est un « live » filmé à Grenoble l’année dernière. On s’est fait prêter des caméras, des copains sont venus filmer, et puis on a mixé tout ça à la maison. Il y a une heure trente de « live », et comme on avait du temps à perdre on a ajouté plein de bonus, plein de conneries.

Tristan : Sur votre site, on peut télécharger, entre autres, des extraits du dernier album. Vous vous êtes restreints pour le téléchargement entier ?

Ludo : Non, c’est plutôt dans la logique du help yourself, on va pas mâcher le travail non plus ! Le site est destiné à faire la promo du groupe, donc, on met des extraits pour inciter les gens à venir nous voir en concert, voire à acheter l’album. Nous engageons tout le monde à passer sur le site, et surtout dans les forums, où il y a des tas de gens qui s’échangent des astuces pour télécharger tous nos albums sur internet ; donc, il ne faut pas qu’ils se gênent.

Tristan : Que pensez-vous des logiciels de partage sur Internet ?

Ludo : À notre niveau, ça nous fait plus de pub que de tort. Sûrement que ça doit avoir un impact sur les ventes de disques, mais bon, quand on en vend quelques milliers, ça va pas chercher bien loin, donc une cinquantaine ou une centaine en moins… J’ai quand même remarqué une certaine déontologie chez les minos qui téléchargent, qui ont en général le réflexe de dire : « Bon, lui, il vend plein d’albums, il passe à la télé, on l’emmerde, on télécharge. Eux, par contre, ils ont besoin d’un coup de main, on achète le disque. » La plupart des gens que je croise et avec qui on en parle ont cette démarche-là. Après, les quelques-uns qui restent, c’est qui ? Des gens qui n’ont pas de déontologie, j’en ai rien à branler, ou alors qui n’ont pas de thune, de toute façon ça ne change rien, il n’achèteront pas le disque. Moi, je préfère qu’ils le téléchargent, qu’ils le passent à leurs potes et qu’ils viennent nous voir en concert, parce que pour nous c’est l’essentiel ; que le public sorte de leur téloche et qu’il aille voir un spectacle vivant. Je dis ça par rapport à toutes ces associations (c’est un truc qui me tient à cœur), c’est toute ces assoces qui se bougent le cul pour monter des concerts, souvent avec les moyens du bord, envers et contre tout. Je suis toujours épaté par la capacité des assoces à se monter, à se prendre des boîtes, se casser la gueule et à se remonter. On n’oublie jamais que ce sont ces gens-là qui nous font vivre. Je pense que le téléchargement n’est pas seulement une histoire économique. Et, de toute façon, si on l’aborde sous cet angle, franchement, tout ceux qui perdent de la thune en ce moment, ce sont ceux qui s’en sont fait sur notre dos pendant des années. Alors, ils ne vont pas me faire pleurer. À notre niveau, c’est plutôt un phénomène qui nous fait vivre.