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Tous les frocs aux orties

Le jeudi 4 novembre 2004.

En latin, en arabe ou en hébreu, les monothéismes distillent avec un adroit mélange de compassion et d’agressivité leur soumission à l’ordre, à l’autorité, à la norme. Récemment, chacun d’eux s’est attaché à montrer avec force la permanence de sa soif de conquête. Au programme : l’opposition à l’avortement sous le faux prétexte de respecter la vie (Renaissance catholique, le 16 octobre), l’infiltration du mouvement antipub par la ruse (Tariq Ramadan, le 12) et le musellement de la contestation par la force (la Ligue de défense juive le 28 septembre).

Encouragée « par l’enseignement du pape Jean-Paul II à Lourdes », Renaissance catholique a rassemblé, dans une procession au Sacré-Cœur, les opposants d’extrême droite à une sexualité non exclusivement dédiée à la procréation. Le Sacré-Cœur est aussi, et surtout, l’expression de la reconquête catholique de l’Ordre moral pour mieux insulter la mémoire des combattants de la Commune.

Quelques jours auparavant, à Saint-Ouen, Tariq Ramadan avait une fois de plus berné son auditoire en s’immisçant dans le mouvement antipub. Invité de façon ahurissante par Casseurs de pub et plus logiquement par Divercité (pro-voile) ainsi que le Collectif des musulmans de France, Ramadan a délivré la bonne parole contre la marchandisation de la société et la dictature des marques : la solution n’est pas dans le militantisme de terrain mais dans un renouveau spirituel, croire plutôt qu’agir… La doctrine sociale de l’Église catholique ne dit d’ailleurs pas autre chose : si le patron maltraite ou sous-paie ses employés, ne surtout pas se rebeller mais s’abandonner plutôt à la messe et à la prière. Ramadan a ensuite poursuivi sa croisade au Forum social européen à Londres, ayant déjà pollué l’édition 2003. Quant à la milice fasciste de la LDJ, elle multiplie, avec le Betar, les opérations commando contre toute contestation du sionisme.

Ainsi, une fois de plus à Paris, les nervis de la LDJ sont passés à l’action violente dans une librairie du Marais en saccageant les lieux et blessant plusieurs personnes. Étant aisément reconnaissables dans les manifestations, ils semblent cependant jouir d’une curieuse liberté d’action. La police, elle, n’a rien vu, ne sait rien.

Nicolas