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éditorial du nº 1351

Le jeudi 18 mars 2004.

« C’est simple, le gouvernement n’a pas dit la vérité. Il ne l’a déjà pas fait sur les armes de destruction massive, en ce qui concerne l’Irak. »

Tout est presque dit dans ces quelques mots tirés de propos tenus par Arnaldo Otegi (porte-parole de la gauche indépendante basque, ex-dirigeant de Batasuna), et recueillis par un quotidien français.

Quand le monde entier se demandait le pourquoi des attentats meurtriers, que les familles pleuraient les victimes, le gouvernement espagnol intimait l’ordre à ses ambassades de privilégier la responsabilité de l’ETA.

« Pour que de pareilles choses ne se reproduisent pas, il faut voter pour un pouvoir dur », tel est le mot d’ordre de la droite au pouvoir en Espagne. On verra bien (quand ce Monde libertaire sera dans les kiosques) ce que les électeurs espagnols en auront décidé. Même si nous, anarchistes, n’accordons qu’une valeur relative aux élections, le vrai combat est ailleurs, cela sert toujours de baromètre.

Pour le reste du monde, l’ordre mondial, contrairement aux Bourses, engrange pour lui la douleur et la détresse. Bush se sent solidaire de l’Espagne et la France met le turbo au plan Vigipirate.

Le fait que l’Hexagone soit aussi en fièvre électorale fait monter les enchères. Silence dans les rangs et place au tout-sécuritaire, sinon ce sera votre tour prochainement !

Certes, le « terrorisme est un problème mondial » mais on voit bien à qui les retombées médiatiques profitent. En Catalogne les manifestations de solidarité (« La Catalogne avec les victimes de Madrid, contre le terrorisme, pour la démocratie et la Constitution », disait une banderole) se sont parfois transformées en accusations contre le gouvernement du Parti populaire et ses représentants.

L’Espagne, plutôt son gouvernement, a pris place dans le camp de l’Amérique de Bush et maintenant elle est la cible des réseaux islamistes. Le Parti populaire, que d’aucuns nomment la « machine à succès de José Maria Aznar », devra assumer.

Pour revenir à notre douce France, dimanche dernier sur les marchés on ne parlait pas trop du drame de Madrid.

Ça diffait et déclamait surtout sur les élections cantonales, comme sur les régionales. Le coude-à-coude UMP/PS, la « menace » LO-LCR, les jugements ironiques sur l’alliance Verts/PS, tout cela semblait prendre le pas sur l’attentat de Madrid. Électoralisme oblige.